Légitimité de l’argent vs légitimité révolutionnaire
Abdelaziz Bouteflika sera-t-il le dernier président de la République qui aura été imposé à la nation algérienne, depuis 1999, par la force et la fraude massive, au nom de la «légitimité révolutionnaire» ? Apparemment oui, et toutes les dispositions sont prises pour que cela soit ainsi, après son départ. En effet, l’accord d’association avec l’Union européenne comme le futur traité d’adhésion de l’Algérie à l’Organisation mondiale du commerce et les nombreux accords bilatéraux et multilatéraux signés avec nos différents partenaires étrangers ont eu et auront un impact direct sur la législation, l’économie et le commerce extérieur algériens, qui ont connu une adaptation et une ouverture qui égratignent sérieusement la sacro-sainte souveraineté nationale, qui titillait les narines et gonflait naguère les poitrines des uns et des autres. «Il faut se conformer aux règles de la mondialisation, auxquelles aucun pays ne pourrait échapper», disent, d'un air faussement fataliste, les aventuriers du clan présidentiel. Cette souveraineté nationale, limitée par la force des choses et la vulnérabilité grandissante de notre pays, qui a connu une régression vertigineuse dans de nombreux domaines, a peu ou prou remisé la légitimité révolutionnaire dans les placards de la RADP, qui n’est plus populaire ni encore moins démocratique. Forts de la triste réalité qui prévaut sur le plan interne, les prédateurs cupides et obstinés du clan présidentiel refusent toute alternance ou tout changement qui ne vont pas dans le sens de leurs intérêts claniques. Le népotisme, le régionalisme et la corruption généralisée, qu’ils pratiquent à outrance depuis 1999, leur ont, par ailleurs, permis de tisser un réseau d'intérêts occultes, à la mesure de leur passion effrénée pour le pouvoir. Le bras de fer et les défis lancés par ceux que M. Ahmed Ouyahia, ancien Premier ministre, avait appelés «la mafia de l’argent», aux tenants de la légitimité révolutionnaire ou républicaine, leur ont permis de s’accaparer de pans entiers des prérogatives des principales institutions de la République, pratiquement réduites à l’état de servage par le clan présidentiel. N’en déplaise à Zeroual et à Hamrouche, les deux figures de proue de ce qui reste des «révolutionnaires» d’antan, ou à Benflis et son changement doux, le clan présidentiel est en passe de mettre, avec une détermination violente, l’Algérie, Etat, nation et société, devant un autre fait accompli avec la Constitution personnalisée qu’il s’apprête à leur faire entériner malgré eux, à travers une parodie de référendum qui achèvera ce qui reste de la crédibilité de notre pays. Malheur aux pays qui manquent d'hommes et de femmes pour défendre leur honneur bafoué et leur conscience violée !
Et c'est bel et bien le cas du nôtre aujourd'hui !
Rabah Toubal