Crash du MD-83 affrété par Air Algérie : le bureau d’analyses français exclut l’erreur humaine
La commission d’enquête mise en place par la France pour déterminer les causes du crash de l’avion affrété par Air Algérie, qui s’est abîmé au nord du Mali le 25 juillet dernier, doit livrer les résultats de son enquête le 30 septembre prochain. Un rapport de la commission sera lu et retransmis en direct par TV5 Monde depuis Bamako. La lecture du rapport sera suivie d’une conférence de presse à Paris, où les responsables du Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation (BEA) répondront aux questions des journalistes relatives à cet incident. Au même moment, les familles des victimes seront reçues par le président François Hollande, accompagné d’un certain nombre de ministres de son gouvernement. La commission d’enquête devrait rendre ses résultats à la lumière de l’analyse effectuée sur les données liées à cet accident et contenues dans les deux boîtes noires remises à l'Association internationale du transport aérien (IATA). Dans une déclaration cité par l’AFP, le BEA en donne en avant-première la conclusion essentielle, à savoir que l'enquête sur le crash «n'a pas permis pour l'instant de parvenir à une piste privilégiée», expliquant l'accident. «Pour l'instant, il n'y a pas de piste privilégiée», a indiqué Bernard Boudeille, un responsable du BEA, en présentant à Bamako un premier rapport d'enquête sur l'accident, qui avait fait 116 morts, dont 54 Français. «Rien ne peut confirmer ou infirmer la piste terroriste» dans les éléments recueillis par les enquêteurs jusqu'à présent, a-t-il souligné. L'enregistreur des conversations dans le cockpit (CVR) ne fonctionnait pas normalement et «ne permet pas de comprendre les messages» échangés au sein de l'équipage, a ajouté M. Boudeille. Quant à l'enregistreur des données de vol, il montre que l'appareil a été victime d'une «chute brutale» après un «ralentissement de ses moteurs» à son altitude de croisière, a-t-il dit. Ses systèmes de pilotage automatique avaient été «déconnectés sans qu'il soit possible de dire si cette déconnection a résulté d'un automatisme de l'avion ou d'une manœuvre volontaire ou involontaire de l'équipage», a précisé l'expert. «L'équipage était-il fatigué ? Non», a relevé le responsable du BEA. «Il avait une expérience africaine». Selon les conclusions de cette première étape de l’enquête, révélées par des médias, «l’avion décolle de nuit de l’aéroport de Ouagadougou vers 1 h 15 à destination d’Alger. Lors de la montée, l’équipage fait plusieurs altérations de cap pour éviter une zone d’orage avant d’atteindre le niveau de croisière. Quelques minutes plus tard, la vitesse de l’avion décroît, l’avion perd de l’altitude puis chute brusquement en virage par la gauche. L’avion heurte le sol avec une forte énergie». Au départ, d’après donc ses premiers éléments, «aucun problème n’a été signalé par l’équipage lors de ses contacts avec les contrôleurs aériens de Ouagadougou et Niamey. Aucun message de détresse n’a été, non plus, reçu par les centres de contrôle». La commission d’enquête aura également à expliquer la contribution de chaque partie concernée par l’enquête. D’aucuns ont contesté la mainmise de Paris sur le processus de l’enquête, sachant que le droit international stipule qu'en de telles circonstances «la responsabilité de l'enquête incombe au pays où l'accident est survenu», autrement dit le Mali. Officiellement, l'Etat du Mali devait «travailler en collaboration avec les instances et pays concernés», dont l’Algérie, pour faire aboutir l'enquête et examiner la question du rapatriement des corps. Mais dans les faits, l’enquête s’est vite transformée en affaire française interne. De son côté, l’Algérie s’est montrée plutôt discrète dans cette affaire. Le déplacement du ministre des Transports, Amar Ghoul, le 26 juillet sur le site du crash, s’était limité à la remise «protocolaire» de la boîte noire aux «parties compétentes». Alors que l’Algérie, par souci de défense de sa réputation et celle de sa compagnie aérienne, était appelée à jouer un rôle plus important.
R. Mahmoudi