Interrogations sur l’enlèvement supposé d’un ressortissant français en Algérie : à quoi joue Paris ?
L’information relative à un prétendu enlèvement d’un ressortissant étranger s’est répandue comme une traînée de poudre et un peu trop rapidement pour que cela ne suscite pas des interrogations. D’abord, des sites algériens publient deux articles à quelques minutes d’intervalle pour annoncer la «disparition» ou l’«enlèvement» d’un «touriste» français. Ensuite, l’AFP reprend l’information en s’emmêlant les pinceaux quant à son origine. L’agence de presse française qui a diffusé la dépêche à partir de son bureau d’Alger s’est trompée de source, confondant entre un site électronique arabophone algérien et une chaîne de télévision arabe, les deux médias portant le même nom. Moins d’une heure plus tard, une chaîne de télévision algérienne diffuse carrément la photo de l’étranger «enlevé» à Tikjda, tandis qu’une autre chaîne de télévision, France 24 en l’occurrence, fait état d’une confirmation de l’enlèvement du citoyen français dans la wilaya de Bouira par le Quai d’Orsay. Contactées par Algeriepatriotique, des sources sécuritaires locales ont indiqué qu’un groupe composé de dix touristes étaient en effet présents à Tikjda, mais qu’ils étaient tous repartis sans qu’aucune disparition ait été signalée. Pour l’instant, les autorités algériennes n’ont toujours pas réagi à cette information qui tombe comme un cheveu dans la soupe, au lendemain de la réunion du Haut Conseil de sécurité sous la présidence du président Bouteflika, consacrée à la situation aux frontières est et sud. Trop rapide pour être vrai, diraient les spécialistes des questions sécuritaires. L’image diffusée par on ne sait qui montre deux «terroristes» à la tenue extrêmement propre, une sorte d’uniforme de couleur beige, les deux hommes ayant la tête enturbannée et le visage couvert. Une mise en scène tellement parfaite qu’on est en droit de se demander s’il ne s’agit pas là d’un coup monté pour «exhiber» le «monstre» Daech en Algérie, un pays qui refuse toute intervention étrangère en Libye et qui ne participe pas à la coalition militaire contre ce mouvement terroriste en Irak, décidée à Paris récemment. Nous y reviendrons.
Karim Bouali