Quelque 80 personnes enlevées dans les maquis de Tizi Ouzou depuis le début des années 2000
La zone dans laquelle a été «enlevé» le «touriste» français, à savoir la daïra des Ouacifs, est connue pour être infestée de bandits, de criminels et de terroristes qui enlèvent des citoyens de la région à tour de bras pour les libérer ensuite en contrepartie de paiement de rançons. Des dizaines d’Algériens ont été, en effet, kidnappées durant ces dernières années. Certains d’entre eux ont été assassinés, alors que d’autres, grâce à la solidarité des villageois, ont pu être libérés sains et saufs après le versement de rançons. Depuis l’apparition de ce phénomène de kidnapping dans la wilaya de Tizi Ouzou au début des années 2000, quelque 80 personnes ont été victimes d’enlèvements dont une cinquantaine au sud de la wilaya, connu pour ses reliefs accidentés et difficiles d’accès. C’est dans cette partie, aux montagnes couvertes de forêts et de maquis, que ce Français a décidé de se rendre pour, dit-on, «passer des vacances». Hervé Gourdel, présenté par les médias français comme un féru de voyage et un guide de haute montagne, ne connaissait-il pas la région pour se jeter ainsi dans la gueule du loup ? Ne savait-il pas que des citoyens algériens se font enlever régulièrement dans cette partie de la Kabylie et que certains d’entre eux ont même été exécutés ? Les kidnappings en série à Tizi Ouzou ont connu un large écho médiatique et des actions de protestation (sit-in, rassemblements et marches) ont été plusieurs fois organisées et fortement médiatisées. Autrement dit, il suffit de taper le mot «sécurité en Kabylie» pour tomber sur des dizaines voire des centaines d’articles qui parlent de l’insécurité dans cette région, avec un fort sens de précision des lieux devenus le théâtre d’opérations des ravisseurs. Rien donc ne pouvait justifier la présence de ce Français dans une zone à haut risque sécuritaire. C’est d’ailleurs à quelques encablures de là que onze soldats de l’ANP ont été assassinés alors qu’ils rentraient d’une mission. Ce phénomène des kidnappings a pris une telle ampleur qu’il est devenu une sérieuse source d’angoisse et d’inquiétude pour la population de Tizi Ouzou qui ne cesse de réclamer un déploiement plus important des services de sécurité dans les régions fortement touchées par ce grand banditisme étroitement connecté aux réseaux terroristes encore actifs dans les hautes montagnes. On parle justement de la présence de bandits agissant sous les ordres d’El-Manchot et d’autres criminels appartenant au fameux terroriste Benari, alias Youcef El-Harrachi, dans la région de Boghni et Draâ El-Mizan, qui ont commis plusieurs rapts. C’est dire que pour un étranger, cette zone montagneuse n’est ni un endroit pour faire un trekking ni un lieu pour stimuler ses sensations de grimpeur. Nous ne savons donc pas encore ce qui aurait poussé Hervé Gourdel, au-delà de sa passion pour la montagne, à aller dans cette partie de la Kabylie pour se faire «kidnapper» par un groupe terroriste se réclamant de Daech, une nouvelle organisation terroriste internationale de la même nature qu’Al-Qaïda. Cela, sachant que la France est actuellement en guerre, aux côtés des Etats-Unis, contre ce mouvement terroriste en Irak. Hervé Gourdel s’est déjà rendu dans des pays comme le Népal, la Jordanie et le Maroc avant de venir en Algérie. Son rapt fait croire à la présence sur le sol algérien d'«éléments» de Daech quelques mois seulement après sa création par les laboratoires de la CIA. Beaucoup de zones d’ombre entourent ce rapt.
Rafik Meddour