Pas de négociations : François Hollande change d’attitude face aux groupes terroristes
«Nous ne céderons à aucun chantage, aucune pression, aucun ultimatum, fût-il le plus odieux, le plus abject.» Le président français François Hollande a tenu, hier matin, au siège de l’ONU, un point de presse impromptu, apprend-on, pour lancer ces propos d’une fermeté inhabituelle chez lui. Les lourds soupçons qui pèsent sur la France, réaffirmés par le président américain Barack Obama, à propos du paiement de rançons aux terroristes en contrepartie de la libération d’otages, justifient tous les doutes sur l’attitude des dirigeants français face à l’ultimatum du groupe, qui se dit affilié à Daech, auteur de l’enlèvement d’Hervé Gourdel. D’où l’insistance de François Hollande qui affirme qu’«aucun groupe terroriste ne peut influencer en quoi que ce soit la position de la France». Il confirme la détermination déjà exprimée par son chef de la diplomatie, Laurent Fabius, et son ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, ainsi que le Premier ministre, Manuel Valls et qui constitue, en fait, un réalignement sur la position algérienne concernant la lutte antiterroriste. Il faut préciser que le théâtre des opérations se trouvant en Algérie, les dirigeants français ne pouvaient adopter d’autre attitude que le refus de négocier avec le groupe terroriste. Tout le monde sait que les autorités algériennes ont toujours refusé de négocier quoi que ce soit avec les terroristes. Ceux qui ont suivi la lutte antiterroriste en Algérie dans les années 1990 se souviennent de la dramatique affaire des moines de Tibhirine et de l’étrange intrusion de services français qui avaient commencé à négocier séparément avec les terroristes les conditions d’un échange entre les moines et des «prisonniers». Une démarche qui n’a servi à rien, puisqu’elle n’a pas empêché l’assassinat des religieux. Dans sa déclaration d’hier, François Hollande a souligné sa «pleine confiance dans les forces de sécurité algériennes pour que tout soit fait», faisant sans doute allusion à l'opération de recherches engagée par les forces de l'Armée nationale populaire (ANP). Il faut ajouter que dans le cas d’Hervé Gourdel, il ne s’agit pas de paiement de rançon, mais de l’exigence du changement de politique à l’égard de Daech. L’ultimatum des terroristes porte, en effet, sur l’arrêt de l’intervention militaire française en Irak contre Daech en échange de la vie sauve pour l’otage. La fermeté des dirigeants français les a amenés à renforcer la sécurité dans les lieux sensibles. Sur les 3 000 djihadistes européens qui ont rejoint Daech en Syrie et en Irak, chiffre donné par le coordinateur de l'Union européenne pour la lutte contre le terrorisme, Gilles de Kerchove, le nombre de Français tourne autour du millier, selon le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. Leur retour en France est porteur de danger pour l’écrasante majorité des Français qui estiment qu'un attentat terroriste est fort possible.
Houari Achouri