Saïdani insulte les martyrs
Par M. Aït Amara – Contrairement aux autres partis qui ont eu à dénoncer l’assassinat du Français Hervé Gourdel à travers des communiqués de presse et des déclarations publiques, c’est par le biais d’une lettre à la cajolerie douteuse que le secrétaire général du FLN a décidé de s’adresser à la France pour lui présenter ses condoléances et celles de [son] parti. Dans son courrier à l’ambassadeur de France à Alger, Amar Saïdani souligne que si «le récent assassinat en Algérie du citoyen français (…) a jeté émoi, révulsion et consternation dans l’opinion publique algérienne», lui et le FLN sont encore plus émus, plus révulsés et plus consternés que le reste des Algériens. Amar Saïdani prend le soin, dans sa missive trop polie pour être honnête, comme dit l’adage, d’engager toute la direction du parti dans sa courbette. Bien qu’il ait lui-même signé la lettre – vite relayée par son site de prédilection –, c’est «au nom de la présidence, du secrétariat général et du bureau politique» et, donc, de l’ensemble des militants, qu’il exprime sa condamnation «avec la plus grande énergie» de «cet acte odieux, lâche et répugnant qui trahit, une fois de plus, la barbarie et la honteuse inhumanité des terroristes qui l’ont commis». Comble de l’ironie, Amar Saïdani s’arroge le droit de parler au nom de l’Etat, puisqu’il promet à l’ambassadeur de France que «cet acte révoltant (…) ne restera pas impuni» et que «l’Algérie (…) traquera implacablement les groupes criminels» et «poursuivra sans relâche aux côtés de la communauté internationale sa lutte contre cette pandémie». Ce qu’il faut noter surtout, dans le message d’Amar Saïdani à Bernard Emié, par-delà les formules d'usage requises dans ce genre de correspondances, c’est moins la réaction indignée suite à l’exécution d’un otage par des terroristes, qu’un acte d’allégeance que le secrétaire général du FLN renouvelle aux autorités françaises depuis que celles-ci lui ont établi une carte de résidence et permis d’acquérir des biens immobiliers dans les quartiers les plus cossus de Paris. Que le sieur Saïdani se mette ainsi à plat ventre devant ses maîtres, grand bien lui fasse. Mais de là à engager le Front de libération nationale dans sa prosternation pour la France, il y a là comme une insolence envers nos martyrs qui ont fondé ce parti aux destinées duquel, par accident de l’histoire, il préside indûment un demi-siècle après l’indépendance, signe de déclin et de défaite.
M. A.-A.
Comment (41)
Les commentaires sont fermés.