Paris joue avec le feu
Par Kamel Moulfi – D’après des informations données par l’agence Reuters, la France s'apprête à intervenir militairement en Libye, sous prétexte d’y combattre les groupes islamistes. Il faut croire que la situation chaotique qu’elle a créée dans ce pays, en 2011, n’a pas suffi à l'inciter à la raison et à la prudence, comme le recommandent d’ailleurs nombre de spécialistes français, dans son approche de la solution à apporter aux problèmes que rencontre la Libye. Il est indéniable que tout a commencé avec cette opération lancée en 2011 par les pays occidentaux, dont la France, pour éliminer, coûte que coûte, Mouammar Kadhafi. L’instabilité qu’elle a provoquée en Libye a procuré aux groupes terroristes un terrain propice à leur développement et a facilité leur déplacement, fortement armés, jusqu’au Sahel. L’occupation du Nord-Mali par ces groupes n’aurait jamais pu avoir lieu si les pays occidentaux n’avaient pas semé le chaos en Libye et permis cette extraordinaire liberté de mouvement des terroristes dans le Sahel. Ce sont ces terroristes que la France a ensuite prétendu combattre en envoyant ses troupes au nord du Mali. Et maintenant, on nous explique que, du fait de cette action de la France dans cette zone, les «groupes djihadistes» ont fui vers le sud de la Libye et, toujours selon cet échafaudage qui ne tient pas debout, c’est cela qui a déstabilisé le pays. La menace pèserait cette fois sur les pays européens, d’où l’intention de la France de barrer la voie aux terroristes en lançant, à nouveau, son armada contre la Libye. Cela paraît compliqué, mais nul besoin de chercher à voir le «dessous des cartes» pour comprendre à quel jeu s’adonnent les pays occidentaux, qu’il s’agisse des Etats-Unis, contre Daech, ou de la France contre Al-Qaïda. L’usage abusif de la force armée les pousse à violer le droit international en se passant d’un mandat onusien pour bombarder des positions dans des pays tiers, sans égard pour la souveraineté de ces pays. Il en va ainsi de la Syrie dont des raffineries de pétrole ont été détruites sous le couvert de la lutte antiterroriste. Il en sera de même en Libye, mais cette tournure grave prise par les événements ne surprend pas. Au début du mois dernier, le 9 septembre, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, annonçait dans les colonnes du Figaro, une action de la France en Libye et avait évoqué la possibilité d’étendre jusqu’aux frontières libyennes le dispositif militaire Barkhane, «rempart de l’Europe face au djihadisme du Sahel». L’agence Reuters nous apprend que l'armée française est en train d'établir une base dans le nord du Niger dans le cadre de cette opération annoncée par Jean-Yves Le Drian. La France joue avec le feu à nos frontières après l'y avoir allumé elle-même.
K. M.
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