Le vice-président américain accuse Riyad, Doha et Ankara : Daech déchire l’alliance
Ce qu’Algeriepatriotique n’a cessé d’écrire, le vice-président des Etats-Unis, Joe Biden, vient de le confirmer en mettant directement les pieds dans le plat : l'Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie sont complices des groupes terroristes, Daech compris. C’est un fait vérifié que tous les observateurs honnêtes dénonçaient. Joe Biden a enfin daigné le reconnaître, jeudi dernier à l'université de Harvard, devant des étudiants venus écouter son discours à l’occasion d’une conférence sur la politique des Etats-Unis au Moyen-Orient, lors du forum de John Kennedy. Joe Biden a laissé son auditoire bouche bée. Il le dit en parfaite connaissance de cause : oui, les terroristes d’Al-Qaïda avaient reçu des fonds et des armes de pays alliés de Washington dans la région. Combien de fois, le président syrien, Bachar Al-Assad, a attiré l’attention de la «communauté internationale» sur cette véritable alliance constituée dans les faits entre, d’un côté, la Turquie et les monarchies du Golfe, et de l’autre, les groupes terroristes agissant en Syrie. Lundi dernier, par la voix du ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, lors d'une session de l'Assemblée générale des Nations unies, cette vérité a été à nouveau lancée à la face des pays occidentaux. Mais la «sortie» du vice-président des Etats-Unis était tellement inattendue qu’elle a surpris même les observateurs avertis : dans quel but a-t-il fait cette «révélation» ? Pourquoi en ce moment précis ? Comment réagiront les «alliés» incriminés ? Vont-ils tomber sous le coup des sanctions prévues par l’ONU contre les pays qui aident les groupes terroristes, en application de la résolution sur la lutte contre le terrorisme adoptée par le Conseil de sécurité le 24 septembre, il y a quelques jours ? Les alliés cités par Joe Biden font maintenant partie de la coalition constituée par les Etats-Unis pour combattre… Daech. Pour expliquer cette contradiction – encore une ! –, le vice-président américain s’est autorisé à préciser qu’ils avaient «pris conscience de leur erreur» et accepté de participer à la coalition anti-Daech. Le président turc Recep Tayyip Erdogan n’a pas tardé à réagir pour dénoncer la déclaration de Joe Biden, il est d’ailleurs le seul, pour le moment, à le faire. Evidemment, Erdogan veut nier ce qui est, aux yeux de tous les observateurs, l’évidence même : son pays aide les groupes terroristes. Les «djihadistes» empruntent le couloir turc pour rejoindre les groupes terroristes en Syrie et reprennent la même voie sur le chemin du retour. La presse française a souvent décrit dans les détails cet itinéraire en traitant du problème des terroristes qui reviennent en France, et la dernière fois, c’était à propos de l’épisode «loufoque», comme l’a qualifié le Figaro, du retour de djihadistes de Syrie, attendus et ratés par la police, venus grossir les rangs, 120 selon les estimations officielles, des «combattants français» déjà revenus. On peut se demander à quoi jouent la Turquie et les pays du Golfe en aidant des groupes armés qui forment à leur tour des terroristes qui viennent de pays européens, en particulier de France, et y retournent ensuite aguerris pour y représenter «une menace non négligeable», selon l’estimation des spécialistes français. Pour Joe Biden, l’explication est superficielle : «La Turquie et les pays du Golfe voulaient renverser Bachar Al-Assad et pour cela ils ont mené une guerre par procuration entre les sunnites et les chiites, et ils ont fourni des centaines de millions de dollars et des dizaines de milliers de tonnes d'armes à tous ceux qui acceptent de lutter contre Bachar Al-Assad.» Mais le hic, a constaté Joe Biden, est que «les gens qui ont reçu ces sommes et ces armes étaient des militants du Front Al-Nosra et d’Al-Qaïda sans compter d'autres éléments extrémistes venant d'autres régions du monde». Et Israël ? Comment qualifier l’assistance médicale apportée par l’armée israélienne aux mercenaires islamistes blessés en Syrie, près de la frontière ? Et la France, la Grande-Bretagne… les Etats-Unis et les autres pays occidentaux qui ont soutenu ouvertement les groupes terroristes dont personne n’ignorait qu’ils étaient dominés par les éléments liés à Al-Qaïda et à Daech ? Joe Biden n’en a pas dit assez.
Houari Achouri