Vingt-six ans après
Par Kamel Moulfi – Vingt-six ans après, le mystère reste encore entretenu autour des manifestations du 5 octobre 1988, malgré les nombreux témoignages de personnalités qui ont vécu directement ces événements, que l’on peut qualifier d’historiques au regard de leur impact sur notre pays. Le «soulèvement» a eu, dès ses débuts, un côté obscur constaté à travers la liberté laissée aux manifestants, dont beaucoup étaient ou se sont improvisés «casseurs», s’en prenant uniquement à ce qui symbolise l’Etat : les points de vente d’entreprises publiques, les transports, les sièges d’institutions, jusqu’au siège central du FLN qui avait l’objet d’une tentative d’attaque, ainsi que des commissariats. Ceux qui s’en souviennent gardent en mémoire les images des déferlements, partout, de masses d’enfants et adolescents, sans slogans politiques, avec la seule intention de tout détruire, et qui n’avait rien d’un «chahut de gamins» tel qu’un responsable de l’époque avait voulu le décrire et le faire croire. Il a fallu une répression sanglante pour que le calme soit ramené. Une avalanche de réformes est ensuite tombée dans les domaines politique et économique, résumées en un mot : ouverture, dans le domaine politique par rapport au verrouillage exercé par le système du parti unique, et dans le domaine économique par rapport au monopole de l’Etat dans toute. Vingt-six ans après, où en est-on arrivé? L’Algérie ne s’est pas encore définitivement relevée du terrorisme qui a profité des brèches laissées par Octobre 88, et l’autorité de l’Etat peine toujours à être rétablie, tandis qu’au plan économique, la dépendance des recettes extérieures tirées des hydrocarbures est intacte et peut, à tout moment, reconduire le décor créé par le contre-choc pétrolier de 1986. Mais, surtout, les mœurs politiques du sérail n’ont visiblement pas changé. Les luttes de clans n’ont pas disparu ni la méthode pour les résorber par des tensions sociales qui font retomber sur la population les effets des crises au sommet. C’est pourquoi les Algériens se tiennent le ventre dès qu’ils entendent parler de dissensions entre les «décideurs». Comme en ce moment.
K. M.
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