Kafka n’y comprendrait rien
Par Kamel Moulfi – Comme avant d’envoyer un vol habité vers l’espace, bien sûr dans les rares pays qui en sont capables, un compte à rebours a fonctionné, chez nous, quelques jours avant l’Aïd, pour savoir, sans trop y croire, si les deux jours fériés et la semaine qui suit, les scénarios, habituels en la circonstance, de fermeture des commerces dans les villes, allaient se reproduire ou pas. L’an dernier, à Alger, toute une semaine avait été touchée par ce congé spécial qui n’existe dans aucun calendrier et que les commerçants s’octroient dans le mépris le plus total du service public qu’ils sont censés remplir. Malgré le dispositif de permanence mis en place par le ministère du Commerce, rien n’est arrivé à casser cette pratique qui s’installe et qui consiste, pour les commerçants, à de rares exceptions près, à fermer les jours de fête et les jours suivants après avoir saigné le consommateur les jours d’avant. Cette fois encore, la règle commerciale non dite a été respectée : des magasins sont restés fermés l'Aïd et le resteront encore jusqu'à dimanche prochain certainement, comme chaque Aïd. Le pain s’est vendu, et se vendra, à même le trottoir, au milieu de la saleté, comme les autres jours d’ailleurs, par des vendeurs de l’informel avec leurs paniers posés juste à côté de la boulangerie qui est soit fermée, soit ouverte avec des étals vides, pour échapper à la «sanction». Autre «constante» : la saleté qui envahit nos villes et qui devient une banalité. Il est visible que Netcom, pour Alger, et les autres sociétés de ramassage des ordures, n'ont pas travaillé comme il le faut et se sont contentés d’un service (vraiment) minimum, en nettoyant dans des endroits que leur indiquent les autorités pour les besoins du coup d’esbroufe, médiatisé par la télé, mais inutile car il ne trompe personne, alors que la nature des déchets le jour de l'Aïd El-Kebir pose un vrai problème de nuisance et de santé publique (prolifération d'odeurs pestilentielles, de microbes, chats et chiens errants, etc.) et exige donc qu’ils soient ramassés dans les délais requis. Enfin, ne les oublions pas, que penser de la situation des hadjis qui ont passé la nuit dehors faute de tentes. Tout ceci, pour dire que les «instructions» du gouvernement entrent par une oreille et sortent par l'autre… Situation kafkaïenne : un peuple sans gouvernement et un gouvernement sans peuple.
K. M.
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