Un Français musulman au sujet du terrorisme islamiste : «S’excuser de ce qu’on n’a pas fait»

Les pressions subies par les musulmans de France suite aux exécutions d’otages par la nouvelle organisation terroriste internationale Daech soulèvent de vives réactions dans l’Hexagone. Sur le site de l’Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis, un musulman de France ne cache pas son agacement d’être stigmatisé à chaque fois qu’une organisation terroriste commet un crime. Dans un texte diffusé sur le site de cette organisation de défense des musulmans de France, il a exprimé sa colère en dénonçant l’«exigence» faite par les milieux politico-médiatiques français de voir la «communauté musulmane» sortir dans la rue pour condamner les crimes abominables. «Les agissements du parti de la dèche (Daech) à l’encontre des otages et des innocents sont abominables et insoutenables, mais ne pas hurler avec les loups pour les condamner ne signifie pas pour autant qu’on cautionne la sauvagerie», s’est-il insurgé, considérant le comportement des Occidentaux (politiciens et médias) comme exécrable en ce sens qu’ils veulent obliger les musulmans à s’excuser de ce qu’ils n’ont pas fait. «Ce n’est pas parce qu’on ne manifeste pas contre le mariage pour tous qu’on est favorable au mariage homosexuel. Ce n’est pas parce qu’on ne va pas voter qu’on est contre le droit de vote et favorable à la dictature. Entre la paresse et le désintérêt pour ce genre d’expressions, il y a un tas de raisons inavouables de ne pas se bouger les fesses qui n’ont absolument rien à voir avec des opinions politiques», a-t-il expliqué tout en affirmant que le plus «plus grave est cette tendance désormais à qualifier les pratiquants assidus de l’islam comme des extrémistes, en opposition aux musulmans "modérés" qui prennent leur religion par-dessus la jambe». Disant tout haut tout ce que les musulmans de France pensent tout bas, il continue son texte en mettant en avant la «confusion des genres» délibérément opérée par les milieux politico-médiatiques pour semer la confusion dans les esprits des Français et aggraver la «haine» intercommunautaire. Pour ce musulman qui semble avoir été blessé dans sa chair, «le fait de s’adonner rigoureusement aux rites et aux principes fondamentaux de la foi ne permet en rien de présumer une prédisposition à la violence et aux exactions envers ceux qui ne le font pas». Il considère également qu’«exploiter les comportements caricaturaux pour discréditer le fondamentalisme religieux et banaliser ses propres carences pour plaire à l’espèce dominante est une traîtrise manifeste envers sa croyance dont Dieu tiendra compte». Il trouve ainsi indécent que des «représentants» de la communauté musulmane se soumettent à l’ordre imposé et présenter des plates excuses au nom de tous les musulmans. «Au sein de la "diversité musulmane" donc, les avis sont partagés, postures politiciennes obligent, rien que pour contrarier ses opposants idéologiques. Sans qu’on le leur demande, ceux qui sont domestiqués de longue date et rodés à l’exercice baissent immédiatement leur pantalon et manifestent de plates excuses à la place de ceux qui n’en présenteront jamais», a-t-il fulminé, assurant que «pour se démarquer de "l’islam aux ordres", ses adversaires ne feront surtout pas où on leur dit de faire, quitte à être considérés comme des complices de la barbarie. Quant à l’immense majorité, ils s’en contrefichent comme de leur première djellaba de l’an quarante». Ce musulman qui vit visiblement mal ce statut taillé sur mesure de «l’islam de France» se demande ainsi «pourquoi ne pas mettre le paquet en s’excusant de tout et de rien. Qu’est-ce que ça nous coûte de nous disculper de n’avoir commis aucune des saloperies dont on affuble l’islam et les musulmans, et de ne pas rendre l’immigration coupable de la déchéance de la France, et de n’avoir pas fait baisser la dette ou le chômage, et de n’avoir pas bouché le trou de la sécurité sociale ou fait cocue Valérie Trierweiler ?» A ses yeux, cela aurait au moins le mérite de dédouaner les musulmans des «accusations grotesques des identitaires et autres islamophobes primaires, qui s’excitent mutuellement en islamisant les délits de droit commun, et de nous laisser retourner tranquillement à notre sieste crapuleuse…». Il est à rappeler, dans ce sillage, que plusieurs associations et organisations représentants les musulmans de France ont condamné les exécutions en série d’otages occidentaux par Daech. Ils sont allés jusqu’à organiser des marchés et des rassemblements en hommage aux victimes. Cela au moment où des responsables politiques et des médias ont appelé les musulmans à se positionner par rapport à cette nouvelle organisation terroriste, sortie visiblement des laboratoires de la CIA.
Rafik Meddour