Procès de Khalifa : l’énigmatique relaxe de Ragheb Chamaâ
Au tribunal de Nanterre, ce n’est pas la sentence prononcée à l’encontre de l'ancien homme d'affaires algérien Abdelmoumène Rafik Khalifa qui a étonné mais plutôt la relaxe dont a bénéficié Ragheb Chamaâ, conseiller financier du principal accusé et cerveau des opérations de détournement de fonds à l’étranger via les différentes filiales du groupe. Cette relaxe soulève beaucoup d’interrogations et risque de compliquer la coopération judiciaire entre la France et l’Algérie, car la justice algérienne cherche justement à mettre la main sur ce prévenu libéré et d’autres représentants du groupe en France ainsi qu’un ex-responsable au sein du groupe spécialisé dans la construction d’équipements aéronautiques EADS. Ragheb Chemaâ était très proche d’Abdelmoumène Khalifa et était dans tous les coups opérés à travers la banque éponyme. Comme Salim Bouabdellah, Chafik Bourkaïb et Krim Smaïl. Ce personnage énigmatique, un Français d’origine libanaise, s’impliquait dans tout ce que faisait Abdelmoumène Khalifa, comme l’avait révélé sa secrétaire lors du procès de la caisse principale de la banque à Blida en 2007. Il avait attesté à l’époque devant les juges que Ragheb Chamaâ intervenait dans tout ce que faisait Moumène, y compris dans sa manière de s'habiller. Il était plus qu’un conseiller du patron du groupe. Pourquoi, rien n’a été retenu contre lui dans l’affaire jugée à Nanterre ? Il faut souligner que le tribunal français a jugé et condamné Abdelmoumène Khalifa à cinq ans de prison ferme par contumace pour avoir détourné des millions d'euros lors de la faillite de son groupe en 2002. L'ancien homme d'affaires a été jugé coupable d'avoir organisé «le pillage» de sa compagnie aérienne Khalifa Airways juste avant sa liquidation, en «la vidant de certains de ses actifs les plus significatifs», notamment des propriétés et des voitures de luxe. Ecroué à Londres depuis 2007, Rafik Khalifa a été extradé vers Alger en décembre 2013. Il sera jugé à Blida en 2015.
S. Baker