Sanofi fait état de malversations au Moyen-Orient et en Afrique : l’Algérie est-elle concernée ?
De soupçons de corruption en Afrique de l'Est et au Moyen-Orient pèsent sur le laboratoire pharmaceutique français Sanofi qui annonce avoir informé les autorités américaines d'allégations concernant des «paiements inappropriés» à des professionnels de santé dans de nombreux pays en Afrique de l'Est et au Moyen-Orient. Il reste à savoir si le groupe installé également en Algérie a eu recours à ces pratiques pour augmenter ses ventes dans le pays. La question se pose d’autant que le groupe a déjà été condamné en Algérie pour des faits de surfacturation et a dû remplacer le premier responsable du laboratoire en guise de mea culpa. En mai 2012, en effet, la justice algérienne avait condamné le DG de Sanofi-Aventis, Thierry Lefèvre, à la peine d'une année de prison avec sursis pour surfacturation de médicaments, en plus d’une amende de deux milliards de dinars infligée à la personne morale qu'est Sanofi-Aventis. Cette nouvelle affaire de corruption en Afrique de l’Est et au Moyen-Orient, révélée par un communiqué du groupe publié hier à la suite d'une information du Wall Street Journal, a amené Sanofi à faire appel à un cabinet de conseil pour enquêter sur ces «actes répréhensibles» qui pourraient s'être produits entre 2007 et 2012. «L'enquête est encore en cours et elle devrait prendre du temps dans la mesure où les allégations remontent à sept ans. A ce stade, il est encore trop tôt pour en tirer des conclusions», indique Sanofi, repris par l’agence Reuters, ajoutant que le groupe s'engage «à respecter les normes éthiques les plus élevées» partout où il est présent. Selon ces allégations, des employés de Sanofi auraient notamment versé des pots-de-vin à des médecins au Kenya et dans d'autres pays d'Afrique de l'Est pour les inciter à prescrire des médicaments du groupe, rapporte le quotidien américain sur son site, sur la base de courriers électroniques envoyés par un informateur («whistleblower»). Sanofi précise avoir informé le département de la Justice et la Securities and Exchange Commission des Etats-Unis de ces allégations et de son intention de coopérer à toute investigation éventuelle. Ces malversations ont-elles eu lieu en Algérie dont le marché des médicaments est un des plus importants de la région, et où les importations ont augmenté de 19,02% au premier trimestre 2014, atteignant 514,9 millions de dollars ? Les enquêtes en cours devraient le déterminer.
Meriem Sassi