Le juge français Marc Trévidic à propos de Daech : «Souvenez-vous des massacres du GIA en Algérie !»
Le juge antiterroriste français Marc Trévidic n’a pas hésité à faire le parallèle entre la barbarie dont fait preuve actuellement l’internationale terroriste Daech en Irak et en Syrie et les massacres perpétrés dans les années 90 en Algérie par le Groupe islamique armé (GIA). «Les groupes terroristes vont parfois trop loin, beaucoup trop loin, souvenez-vous du GIA et des massacres des villages», a-t-il averti lors de son passage mardi sur BFMTV, mettant en garde ainsi contre la volonté manifeste de l’Occident de ne pas trop inquiéter les groupes terroristes au nord de la Syrie dans l’espoir qu’ils fassent tomber, un jour, le régime de Bachar Al-Assad. Pour ce juge antiterroriste, partisan du «qui tue qui» en Algérie, il ne faudra pas faire les choses à moitié. «Quand on fait la guerre, on ne peut pas la faire à moitié», a-t-il déclaré, lui qui semble avoir enfin compris, à l’aune de ce qui se passe au Moyen-Orient et de la forte menace terroriste qui pèse sur son pays, que les massacres en Algérie étaient bel et bien l’œuvre de groupes terroristes. Il estime que la riposte contre la nouvelle organisation terroriste Daech née en Irak et qui sème la mort un peu partout dans le monde devra être massive. «Pour lutter contre Daech, il faut couper l’approvisionnement en hommes et en biens.» Des hommes qui partent de pays européens et des armes qui proviennent des monarchies du Golfe comme le Qatar ou bien des services des puissances occidentales, à l’instar de la France et de la Grande-Bretagne qui reconnaissent aujourd’hui avoir fourni des armes et des munitions à ces organisations terroristes désormais affilées à Daech pour soi-disant combattre leur ennemi juré, Bachar Al-Assad. Pour stopper Daech, le juge Trévidic compte en effet sur le dégoût des populations européennes des pratiques de l’Etat Islamique en Irak. Ce juge n’a cependant pas dit grand-chose sur son prochain déplacement en Algérie pour les besoins de son enquête sur les circonstances de l’assassinat des moines de Tibhirine. Il s’est contenté d’affirmer que «ce sera un moment important pour les familles des victimes». Depuis des années, ce juge, qui qualifiait la décennie noire de «guerre civile», entretient le doute sur le rapt et l’exécution, pourtant revendiqués par le GIA, des sept moines à Médéa, en 1996. Marc Trévidic va assister à l’autopsie des crânes qui sera effectuée par des spécialistes algériens, lui qui refuse d’exclure l’implication des services secrets algériens ou une éventuelle bavure de l’armée algérienne dans le kidnapping et la mort tragique de ces moines. «Mon prédécesseur intégrait la dimension politique dans sa stratégie d’enquête. Je comprends cette position, mais je suis incapable de l’assumer. Je n’ai pas cette double facette ou cette double compétence», avait-il expliqué au journal français La Croix. La justice algérienne s’est montrée tout à fait coopérative dans ce dossier. Celle-ci a autorisé, le 3 septembre dernier, ce juge français à venir enquêter en Algérie. Les enquêteurs algériens ont obtenu, de leur côté, le feu vert de Paris pour interroger deux anciens membres des services secrets français.
Rafik Meddour