Pourvu que ça baisse !
Par Meriem Sassi – Les prix du pétrole ont amorcé une baisse continue, reculant de près de 20% en quelques mois. L’Algérie qui continue de tirer plus de 98% de ses recettes des exportations de pétrole et de gaz risque de se retrouver, en cas de poursuite de la baisse des cours sur le marché mondial, dans une situation difficile. Avec des recettes exclusivement tirées des hydrocarbures et des importations frénétiques de produits, biens et intrants en tous genres, le pays pourrait replonger dans une crise financière aux conséquences économiques et sociales désastreuses. Mais à y réfléchir, une telle perspective est-elle vraiment mauvaise pour l’Algérie ? Pourquoi devrions-nous nous inquiéter d'une baisse des prix du pétrole ? Cela ne servirait-il pas, au contraire, à pousser les Algériens à reconsidérer leur attitude vis-à-vis de la rente et à se mettre enfin à compter sur des ressources autres que le pétrole en s’investissant dans le travail de la terre, la production industrielle, la recherche, l’innovation, etc. pour créer enfin de nouvelles richesses ? Le pays pourrait ainsi progresser en exploitant ses multiples richesses et ses atouts. La fin du pétrole cher créera certainement un électrochoc qui servira à arrêter la folie dépensière, la surconsommation de biens importés, mais elle servira aussi à mettre fin à la corruption, à la gabegie et à la dilapidation de l'argent public, dépensé à tort et à travers pour acheter la paix sociale, et permettre à tous ceux qui pillent l’argent du peuple de continuer à faire fructifier leurs affaires et à placer l’argent mal acquis bien à l’abri à l’étranger. Sans aucune perspective économique sérieuse, après plus de quinze ans d'embellie financière, grâce à un baril de pétrole bien installé au-dessus des 100 dollars, l'Algérie ne cesse de dilapider son argent, encourageant la corruption, les malversations et les importations futiles, alors que la production nationale est insignifiante et que les exportations hors hydrocarbures sont découragées par les lobbies d’importation. Résultat des courses, le pays est toujours dépendant des hydrocarbures, et les infrastructures censées aider le décollage économique du pays ne servent quasiment à rien au vu de la paralysie économique locale et le peu d’engouement des investisseurs étrangers lorgnant plus sur un marché de consommation vorace que sur un terrain de production et de création de richesse. Ne dit-on pas «à quelque chose malheur est bon», alors, pourvu que ça baisse !
M. S.
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