Des gendarmes français scandent le slogan des supporters algériens dans un entraînement
Dans un exercice de simulation, un escadron de la gendarmerie française n’a rien imaginé de mieux pour mettre en scène des émeutiers que des stagiaires scandant «One, two, three, viva l’Algérie», le fameux slogan repris par les supporters de l’équipe algérienne de football, et ayant particulièrement retenti dans les rues parisiennes l’été dernier, à l’issue du match de l’Algérie contre l’Allemagne. Une vidéo qui circule actuellement sur les réseaux sociaux montre bien ces gendarmes antiémeutes simulant une opération de répression face à de faux émeutiers voulant se distinguer clairement comme des jeunes Algériens, et ce, en présence du ministre de l'Intérieur, Bernard Caseneuve, qui leur a lancé un «bravo !», à la fin de la démonstration, en guise de félicitations. Suite à la diffusion de ces images par une chaîne de télévision, le commandement de la gendarmerie française a ordonné des «vérifications», mais nie, toutefois, toute «enquête interne» pour l’instant. Cette manière d’associer les Algériens à des émeutiers ou à des «sauvageons» n’a, en fait, rien de surprenant, tant l’opinion publique française est largement habituée à cette stigmatisation de la communauté algérienne, montrée à chaque fois du doigt, aussi bien par les dirigeants politiques que par les commentateurs médiatiques. On se souvient de l’épisode du Mondial 2014, lorsque des décisions ont été prises par des préfets français interdisant tout «déploiement ostentatoire de drapeaux étrangers» lors de cette compétition sportive. Cette mesure ségrégationniste visait en fait les supporters algériens qui envahissaient les rues pour manifester leur joie après chaque prouesse ou pour exprimer leur amour pour la patrie. Ce scandale rappelle également les bourdes successives commises par des dirigeants politiques de haut rang, à l’encontre de l’Algérie et des ressortissants algériens : du bras d’honneur lancé en direct à la télévision par un ancien ministre de la Défense, Gérard Longuet, à François Hollande dont le lapsus sur la visite de son ancien ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, en Algérie, renseignait sur un état d’esprit plutôt institutionnalisé.
R. Mahmoudi