Opération coup-de-poing contre les sans-papiers à partir de ce lundi en Europe
L'Europe s’apprête à mener une opération coup-de-poing contre les sans-papiers. Une rafle d’une grande ampleur qui se déroulera du 13 au 26 octobre, et qui n’aura apparemment aucune commune mesure avec les précédentes actions menées en Europe depuis la création de l’espace Schengen. L’information rapportée par le média français Rue 89 appartenant au groupe Le nouvel Observateur fait état d’un document officiel, émanant du Conseil de l’Union européenne, qui tourne sur les réseaux d’aide aux migrants et aux sans-papiers, à l’initiative de l’association britannique Statewatch. Ce document annonce, selon le magazine, une opération de police appelée «Mos Maiorum» contre les migrants en situation irrégulière et «le crime organisé». Menée sous la présidence de l’Italie et avec les pays de l’espace Schengen qui se porteront volontaires, Mos Maiorum a certainement quelque chose à voir avec le nombre de plus en plus important de candidats au «djihad» en Syrie et ailleurs, autrement dit des terroristes potentiels. Seulement, cela comporte un gros risque : celui de l'amalgame et son corollaire, le fameux délit de faciès. Officiellement, l’opération vise à «arrêter les migrants en situation irrégulière et rassembler des informations utiles au renseignement et à fin d’enquêtes». Outre les arrestations, l’Union européenne espère donc collecter des données sur l’immigration clandestine en Europe. Il est à rappeler que le maire de Londres, Boris Johnson, a indiqué il y a quelques jours que les services de sécurité britanniques surveillent «des milliers» de personnes à Londres, estimant qu’au moins «un tiers» des quelque 500 «djihadistes» britanniques partis en Syrie ou Irak sont originaires de Londres. Le magazine français relève pour sa part les noms latins ou grecs donnés à ce genre d’opération, citant Chris Jones de Statewatch, l’association qui a fait fuiter le document. Le dernier-né, Mos Maiorum, signifie littéralement «les mœurs des Anciens», et désigne le code tacite qui définissait la morale de la Rome antique, ses comportements et ses pratiques, publics comme privés. Comme le note sur son site l’association de défense des migrants La Cimade, «les cinq fondements de ce concept sont d’un cynisme total au vu des objectifs d’une opération de police». Ce nom dit explicitement, selon l’association britannique citée par Rue 89, que «la politique migratoire est une affaire morale, de défense des valeurs». Il faut défendre les «mœurs des Anciens, leur piété et leur haute moralité, face à la déferlante des barbares à nos portes». Il indique «une mentalité de forteresse assiégée, qui lutte pour défendre la pureté de sa civilisation contre le chaos qui déferle». Il indique clairement que, pour au moins une partie des pays de l’Union européenne, la politique migratoire est bien une histoire de «choc des civilisations», note encore l’association. Des remarques qui trahissent donc la volonté de certaines autorités des pays européens de prendre prétexte de la lutte contre le terrorisme et le crime organisé pour organiser une persécution de ce qui est musulman, arabe et de tout ce qui heurte selon la conception occidentale «la morale chrétienne».
Meriem Sassi