Rhétorique et manipulation
Par M. Aït Amara – C’est par le discours creux et la minimisation des faits que le pouvoir veut mettre fin au phénomène de la violence en Algérie. Hier, sur la chaîne de télévision publique, des «experts» se sont relayés pour expliquer le pourquoi du comment, se perdant dans des analyses en complet déphasage avec la réalité, ressassant les mêmes constats et les mêmes recettes et, donc, n’apportant rien de nouveau au débat. Il règne cette habitude maladive dans notre communication qui consiste à prêcher en faveur de solutions désuètes, sans aucun impact sur un phénomène dont l’aggravation permanente menace jusqu’au socle de la société. Dans le débat d’hier, nos «experts» se sont, comme d’habitude, complus dans la facilité de l’énumération des causes et des solutions. Or, ni les causes citées ni les solutions préconisées ne sont actuelles, tandis que la violence, elle, a changé de forme et mué en un véritable spectre dont les manifestations extrêmes sont caractéristiques des éléments qui l’accroissent et l’exacerbent. Le temps de la recherche des origines de la violence dans les tueries des années du terrorisme, dans la démission des parents, de l’école, de la société civile, dans l’absence de loisirs, dans l’effet néfaste de l’internet et on ne sait quelle autre excuse encore, est révolu. Les causes de ce cancer qui ronge le pays sont ailleurs. Elles sont dans la frilosité d’un pouvoir tremblant face à une jeunesse gâtée, confiné dans sa forteresse d’où il ne sort – encerclé par une armée de gardes du corps – que pour entonner son refrain sur [ses] «grandes réalisations» que lui seul a le don céleste de voir. Et, alors que Ghardaïa est à feu, les médias officiels s’ingénient à trouver les mots pour réduire un conflit intercommunautaire qui perdure à de simples «échauffourées», et un déplacement en catastrophe du directeur général de la Sûreté nationale sur place pour calmer ses éléments en colère, à une «visite de travail et d’inspection ordinaire». La violence cessera quand cesseront la rhétorique et la manipulation.
M. A.-A.
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