Le mouvement Barakat demande la dissolution des partis-Etat
Né dans le sillage de la contestation citoyenne contre le quatrième mandat, le mouvement Barakat a publié sa plate-forme dans laquelle ses dirigeants précisent leurs objectifs et clarifient leur position par rapport aux questions ayant trait à la vie nationale et aux perspectives d’avenir. D’entrée, les rédacteurs du document donnent le ton, en considérant que l’Algérie «demeure aujourd’hui dans un état de faillite et de dégradation qui mettent en danger réel l’Etat moderne, démocratique et libre, but ultime des appels de Novembre et de la Plate-forme de la Soummam, des combats nationalistes d’avant-guerre et des sacrifices consentis après l’indépendance». Le salut réside, pour eux, dans «la prise de responsabilité citoyenne» pour faire face à un pouvoir «illégitime, continuité d’un système qui a pris illégitimement le contrôle de l’Etat depuis l’indépendance», estiment les rédacteurs qui dressent ensuite un tableau noir de l’Algérie post-indépendance : «La dictature et l’Etat policier, la rapine, l’oppression et la corruption, la médiocrité et la chasse aux compétences, la gérontocratie et la mise à l’écart de la jeunesse, les méthodes mafieuses et le mépris envers le peuple, le détournement des richesses et le déni historique, la gestion catastrophique et l’absence de patriotisme, l’anarchie, la déliquescence et l’incivisme comme valeurs… » La plate-forme préconise l’instauration d’un système «constitutionnel durable» et «une disqualification de toutes les forces rétrogrades et inhérentes aux méthodes du système» et appelle à mettre à profit «toute opportunité pour opérer les changements majeurs dans le sens de la démocratie». «Si le changement parvenu à maturité est manqué ou différé, lit-on encore, la société, elle, n’attendra pas.» Brakat se définit comme «un mouvement citoyen, ouvert, large, démocratique, pluriel, participatif, pacifique», qui se fixe comme seul objectif de «faire passer par la protestation non violente et la proposition, sous toutes les formes possibles et organisées, l’Algérie de Novembre, d’un système politique cliniquement mort, maintenu en état de vie artificielle par des hommes cacochymes selon des pratiques d’un autre âge et des méthodes révolues, vers un système réellement démocratique et participatif, respectant, dans l’esprit et la lettre, les libertés individuelles et collectives, toutes les libertés». Le document insiste sur «la nécessité d’une transition démocratique pacifique», qui doit passer notamment par la dissolution des partis-Etat et la fin du règne des organisations dites de la famille révolutionnaire. Le document met l’accent également sur l’impératif de l’élaboration d’une nouvelle Constitution qui doit limiter les mandats présidentiels à deux et garantir les libertés fondamentales, dont celles d’organisation et de manifestation. Evoquant le rôle de l’institution militaire, le mouvement Barakat estime que «l’Armée nationale populaire et les services de renseignement doivent se conformer à leur stricte mission de protection d’un Etat algérien républicain et démocratique», en exigeant par là aussi «la dissolution de la police politique» et la fin de «l’Etat policier». Dans un autre registre, la plate-forme aborde le volet des réformes judiciaires, en revendiquant, entre autres, l’abrogation du Code de la famille, l’abolition de la peine de mort et la révision de la Charte dite de réconciliation nationale.
R. Mahmoudi