La preuve
Par Meriem Sassi – Comme nous l’écrivions dans un précédent éditorial, le gouvernement opte encore une fois pour la politique de la fuite en avant face à la crise économique qui se profile dans le sillage de la baisse des prix du pétrole, lequel a perdu plus de 20% de sa valeur depuis le mois de juin 2014. S’exprimant hier en marge de la présentation du projet de loi de finances 2015 à l'Assemblée populaire nationale (APN), le ministre des Finances, Mohamed Djellab, a adopté, contre toute logique, un ton empreint d’optimisme en estimant que les dernières fluctuations des cours de l’or noir, autour de 86 dollars à Londres, ne constituent pas une menace pour les équilibres externes et internes de l'Algérie. Djellab, qui reconnaît pourtant que les recettes pétrolières du pays ont chuté durant les neuf premiers mois de l'année suite à la baisse des prix, admet à peine que cette baisse est «une alerte que le gouvernement doit sérieusement prendre en charge». Quand et comment le gouvernement va réagir et à partir de quel seuil de baisse des prix du pétrole s’attellera-t-il enfin à revoir sa copie en mettant un frein à la dépendance suicidaire de l’Algérie aux hydrocarbures ? A ces questions, Djellab ne donne aucune réponse, se complaisant, comme tous les membres du gouvernement d’ailleurs, dans une position attentiste dangereuse pour le pays. Alors que les recettes pétrolières de l’Algérie ont chuté à 46,5 milliards de dollars au cours des neuf premiers mois de 2014, le gouvernement trouve encore le moyen de ne pas s’inquiéter et table même, dans le cadre du budget de 2015, sur la poursuite de ses plans de développement économique et des programmes sociaux ambitieux pour répondre aux tensions sociales. Le gouvernement prévoit ainsi une hausse de 15% des dépenses quitte à aggraver le déficit budgétaire. Une folie dépensière qui se poursuit donc, alors que les recettes pétrolières fondent à vue d’œil. Une politique difficile à comprendre tant elle compromet à la longue la stabilité du pays, menacé par ailleurs par une conjoncture sécuritaire régionale inquiétante.
M. S.
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