Les contrevérités de Hamid Grine à l’occasion de la Journée de la mainmise du pouvoir sur la presse
Instituée par le pouvoir pour les journalistes comme une mère change de couche à son bébé en faisant une grimace de dégoût, la «Journée nationale de la presse» a été l’occasion pour le ministre de la Communication de redire son discours psalmodique. En donneur de leçon, Hamid Grine a, encore une fois – un atavisme politique –, développé un paternalisme qui semble puiser ses origines de ce qu’il fut lui-même journaliste, comme il aime à le répéter. D’ailleurs, la présentatrice diligente et assidue de la télévision nationale ne manquera pas de caresser l’illustre invité sur ses qualités littéraires dont elle présentera quelques-uns de ses titres, si mal traduits en arabe que personne, y compris le concerné lui-même, n’a véritablement compris de quelles «œuvres» il s’agissait. S’exprimant très mal dans les deux langues arabe et française, Hamid Grine a tenté d’expliquer, tant bien que mal, son approche en tant que ministre de la Communication, cherchant ses mots – son principal conseiller était assis un pas plus haut et n’était donc pas à portée d’oreilles –, bafouillant, craignant de commettre quelque lapsus qui indisposerait ceux qui l’ont fait ministre avant de regretter leur choix. Mais il ne réussira pas à convaincre grand-monde, se mettant à dos pêle-mêle les directeurs de journaux, les journalistes, les annonceurs… Abordant les sujets qui fâchent, le ministre de la Communication se perdra dans une argumentation à l’emporte-pièce, peu persuasive. S’agissant de la publicité, Hamid Grine répétera à qui veut bien l’entendre que «les opérateurs économiques choisissent le support médiatique en fonction de leurs objectifs de communication». Grine parle, ici, de la publicité institutionnelle distribuée par l’Agence nationale d’édition et de publicité (Anep). Une contrevérité tellement criante qu’il toussote en l’avançant, gêné d’être ainsi tenu de raconter des bobards qu’il ne gobe pas lui-même. Il se contredira, alors, lorsqu’il abordera le train de vie de certains directeurs de journaux qui frise l’insolence et dont l’ardoise auprès des imprimeries de l’Etat se chiffre à quelque 400 milliards. «Je ne vois pas où est parti l’argent de l’Anep, puisque ces journaux n’ont pas investi un rond», s’étonnera-t-il. S’emmêlant les pinceaux, le ministre de la Communication dira, ensuite, qu’il «fait entièrement confiance» au président de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel, Miloud Chorfi, dont le nom a pourtant été cité dans le scandale de l’argent de la publicité institutionnelle détourné en faveur de son journal El-Adjwa et qui lui a servi à créer une chaîne de télévision privée. Un contre-pied qui confirme, à la fois, une absence de volonté de la part du pouvoir de mettre de l’ordre dans une corporation dont l’anarchie qui la caractérise arrange ce dernier au plus haut point, et une obsolescence totale de la fonction de ministre de la Communication qui devrait être supprimée définitivement au profit d’une institution consensuelle indépendante qui serait fondée et dirigée par les professionnels.
M. Aït Amara