Affaire des moines de Tibhirine : qui cherche à anticiper sur les résultats de l’enquête ?
Le porte-parole adjoint du ministère des Affaires étrangères français a déclaré, aujourd’hui vendredi, que «le déplacement de la délégation judiciaire française en Algérie s’est passé dans des conditions satisfaisantes et il y a lieu de remercier les autorités de l’accueil qu’elles lui ont réservé et des moyens mis à sa disposition». Et d’ajouter : «Je suis certain que nos autorités judiciaires respectives sauront maintenir ensemble les conditions d’une collaboration fructueuse.» Cette déclaration doit mettre fin aux supputations nourries par des déclarations impromptues de l’avocat des familles des moines assassinés, qui s’était précipité à accuser les autorités algériennes d’avoir entravé le travail des juges français, en les empêchant notamment de prendre les prélèvements réalisés sur les dépouilles des victimes. Comme si la présence des deux juges à toutes les opérations n’était pas suffisante. Alors qu’au début, on se plaignait des «retards mis par Alger» pour accorder cette fameuse visite du juge antiterroriste, qui était pourtant décrite, par les médias français, comme étant déterminante. Pour rappel, le juge Marc Trévidic s'est rendu la semaine dernière en Algérie avec une collègue, où ils ont assisté à l'exhumation des crânes des religieux enterrés sur le site du monastère de Tibhirine. Tout s’est passé dans le secret le plus total. Reparti sans avoir fait de déclaration officielle, le juge antiterroriste français devrait bientôt rendre compte de sa mission. Mais, d’ores et déjà, des sources médiatiques tentent d’anticiper sur les événements, en leur attribuant des déclarations reprochant aux Algériens leur mainmise sur les processus de l’enquête en Algérie. Déjà, pendant le séjour de Trévidic, les cercles traditionnellement anti-algériens s’étaient mobilisés pour tenter de parasiter cette enquête française, en exhumant d’anciennes accusations mettant en cause les services de sécurité algériens dans l’assassinat des religieux français en 1996. Ainsi, le journaliste de Canal+, Jean Baptiste Rivoire, a fait parler un ressortissant algérien présenté comme un «ancien informateur» des services des renseignements algériens, affirmant avoir assisté en 2007 à une discussion entre officiers algériens avouant la responsabilité algérienne dans ce drame. A l’affût du moindre hiatus entre Alger et Paris, ces milieux font tout pour semer le doute et rabâcher le vieux discours sur la responsabilité des crimes terroristes en Algérie, tout en sonnant la charge contre l’Etat Islamique.
R. Mahmoudi