Dossier – Quand l’ENTV passe sous silence l’épisode marocain du journaliste fuyard Hamid Grine
Lors de sa longue présentation élogieuse et emphatique du parcours du ministre de la Communication, à l’occasion de la «Journée nationale de la presse», l'animatrice de l’ENTV a complètement ignoré une période cruciale de son passé peu glorieux. L’ancienne présentatrice vedette du JT de 20h est, ainsi, passée directement des différentes fonctions que ce dernier a occupées dans la presse publique à celles qu’il a assumées au sein de Djezzy jusqu’à arriver à sa nomination au sein du gouvernement. Entre les deux, il y a pourtant eu une étape qui traduit on ne peut mieux la lâcheté de celui qui sera, malgré cela, désigné à la tête d’un secteur dont les professionnels ont affronté le terrorisme avec courage et constance. Cet épisode peu flatteur, Hamid Grine le raconte lui-même dans un des nombreux nanars – pompeusement appelés «livres» – qu’il imposait aux éditeurs contre de la publicité de l’opérateur de téléphonie mobile dont il était – et est toujours – le chargé de communication. Dans un de ses essais invendables, il décrit lui-même son indignité face à son employeur marocain. Lorsqu’au milieu des années 1990, et alors que nous enterrions nos confrères lâchement assassinés et attendions notre tour, Hamid Grine, lui, prit la poudre d’escampette et courut se réfugier chez nos voisins de l’ouest – ignorait-il, lui le «journaliste», que les Marocains entretenaient le terrorisme en Algérie ? Il raconte, toute honte bue, comment il est allé voir le directeur du journal qui l’employait pour s’enquérir des raisons qui faisaient atterrir ses articles systématiquement dans une poubelle. Le pigiste dégonflé qui deviendra ministre sous Bouteflika expliquera à son patron que sa vie étant «entre parenthèses», il n’avait besoin «que de (son) salaire». Hamid Grine rapporte, ensuite, cette réaction hautement significative du directeur de la publication : «Je pensais que tu allais réagir plus tôt. Et vivement comme un Algérien. Or, on dirait que j’ai affaire à un Tunisien.» Il connaîtra, depuis cet échange, écrit-il heureux, «une période exaltante» et sera même promu. Il venait, en effet, de prouver aux Marocains, à travers son comportement méprisable, qu’il n’avait d’Algérien que le nom. Cette promotion, avoue-t-il indirectement, était due à ses «facultés d’adaptation». Or, quand on est journaliste algérien et qu’on s’esbigne au Maroc en plein terrorisme et au cœur d’une tempête ravageuse entre les deux pays, les premiers à vous accueillir à bras ouverts à l’aéroport de Casablanca, ce sont évidemment les services secrets du Makhzen. Lesquels services secrets hébergeaient, au même moment, le terroriste Abdelhak Layada dont Rabat avait tenté de marchander le transfèrement vers l’Algérie. Mais l’Algérie fière, à laquelle Hamid Grine avait tourné le dos et que ses hôtes malveillants croyaient affaiblie, répondit par une sévère mise en garde. Et Layada fut remis aux autorités algériennes sans condition. Contrairement aux quelques chanteurs algériens qui, par ignorance ou maladresse, ont été embobinés par le Makhzen et qui ont payé cher leur «alignement» sur les thèses marocaines, les pérégrinations de Hamid Grine au pays du couchant lui vaudront, au contraire, un poste au sein du gouvernement dans son pays où il ne remettra les pieds qu’une fois que ses confrères eurent vaillamment remporté la guerre contre le terrorisme islamiste, après avoir perdu plus de cent journalistes combattants au champ d’honneur. Gloire à nos confrères martyrs de la profession, insultés par ceux qui ont affecté un déserteur à leur ministère !
M. Aït Amara
(Suivra)