Pourquoi le FFS ne pourra pas reconstruire le consensus national

Inspiré de la Révolution, le consensus national que le FFS cherche à reconstruire semble plutôt un projet chimérique dans le contexte politique actuel. Les premières rencontres effectuées par les représentants de ce vieux parti de l’opposition avec des forces politiques nationales n’augurent rien de bon pour l’avenir de cette initiative. Ces dernières (FLN, RND, MSP, Ali Benflis et Mouloud Hamrouche) ne voient rien de «révolutionnaire» dans le projet du FFS. Tout en affirmant avoir milité et œuvré par le passé pour aboutir à un projet politique consensuel, ces forces politiques disent clairement que la démarche du FFS vient trop tard, car le terrain politique, de plus en plus miné par des luttes politiciennes et claniques, ne permet pas la réalisation d’un projet rassembleur. Les premiers contacts du FFS avec le terrain politique semblent lui avoir donné la mesure de la complexité de sa mission. Avant lui, d’autres forces politiques avaient tenté de forger un consensus national. En vain. Pour une multitude de raisons, ce projet, partagé par plusieurs acteurs de la classe politique, peine à faire son chemin. Car il y a des divisions et des divergences au sein de la classe politique qui sont insurmontables. Et pour expliquer cet impossible rassemblement de toute la classe politique autour d’un projet commun, il faudra remonter à l’histoire du multipartisme et à son évolution faite de coups et de contrecoups tordus. La démarche du FFS tient-elle compte des divisions à la fois objectives et subjectives qui minent la classe politique ? Prend-elle en considération les luttes réelles de leadership ? Cette formation, qui se met aujourd’hui dans la peau d’un médiateur pour réconcilier le pouvoir et l’opposition à travers une plateforme mutuellement acceptable, est durement confrontée à cette réalité qui la concerne en premier lieu. Car ses relations tumultueuses avec le RCD sont édifiantes. Le FFS ira-t-il chez le RCD, son ennemi juré ? Pas sûr. La rencontre entre le FFS et le RCD serait importante sur le plan symbolique vu qu’elle montrera la capacité du plus vieux parti de l’opposition à mettre de côté les vieilles querelles et d’œuvrer à rassembler toutes les forces politiques pour sa conférence du consensus. Si le FFS n’arrive pas à dépasser ses divergences (profondes) avec le RCD, comment va-t-il convaincre le reste de l’opposition et le pouvoir à s’entendre sur un projet consensuel pour sortir de la crise politique actuelle ? Les dissensions entre ces deux formations ont fortement affecté le camp démocratique en ce sens que toute volonté de rassembler les forces démocratiques se heurte à l’adversité existante entre le FFS et le RCD. Par ailleurs, lors de la conférence nationale de l’opposition, le FFS a reçu des représentants du MSP. Les rapports tumultueux entre ces deux formations connus de tous les Algériens, et surtout de toute la classe politique, affectent grandement le camp des démocrates. La concrétisation d’un consensus national ne sera possible que si les partis de l’opposition, toutes tendances confondues, arrivent à dépasser leurs différends. Un point sur lequel de nombreux observateurs restent sceptiques. Le signal a déjà été donné par la réaction de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD), dans laquelle est membre le RCD, selon laquelle le FFS sous-traite pour le pouvoir qui a échoué à mobiliser la classe politique autour de son projet de révision de la Constitution. En s’attaquant de manière virulente au FFS, les membres de cette coordination signifient ainsi leur rejet total de la démarche du FFS qui n’est qu’au début de ses consultations. Va-t-il poursuivre son initiative sans un pan entier de la classe politique, représenté par la CNLTD et le pôle des forces du changement ? Rien n'est moins sûr. Car sans ces formations qui sont actives et représentatives, on ne pourra pas parler de reconstruction du consensus national, un projet cher à la vieille garde du FFS.
Rafik Meddour