La Tunisie et nous
Par R. Mahmoudi – Quels enseignements tirer de la débâcle somme toute prévisible, et à un certain niveau programmée, des islamistes en Tunisie aux dernières élections législatives ? Si la plupart des commentateurs se sont empressés d’y voir les annonces d’une démocratie «prometteuse», susceptible de devenir rapidement un modèle dans le monde arabe en proie au chaos depuis quelques années déjà, la réalité du terrain laisse entrevoir des perspectives plutôt difficiles pour toute la région. Le conflit libyen, l’expansion fulgurante de la nébuleuse terroriste dite «l’Etat Islamique», qui parraine déjà tous les groupes islamistes armés, les injonctions occidentales de plus en plus directes dans la région sont là pour rappeler que la Tunisie n’est pas une île coupée du reste du monde. C’est pourquoi le sentiment de réjouissance que peut susciter la percée du camp moderniste et libéral ne doit pas nous faire oublier le contexte extrêmement dangereux dans lequel évolue toute l’Afrique du Nord. Il est même à craindre que les incursions terroristes y deviennent encore plus acharnées et les stigmatisations dirigées contre un pouvoir «laïc» soient plus faciles. N’est-ce pas ce qu’on disait bien, hier, du «régime» de Ben Ali et aujourd’hui du «régime» de Bachar Al-Assad ? En Algérie, on s’en souvient, beaucoup de victimes du terrorisme, dans les années quatre-vingt-dix, étaient, avant leur mort, montrées du doigt comme étant des «laïco-assimilationnistes». Il appartiendra désormais aux amis de la Tunisie, Algérie en tête, de l’aider à retrouver sa stabilité, faute de quoi, ce pays risque de ne pas sortir de ce bourbier où les terroristes actifs et autres salafistes n’ont pas attendu que le pouvoir soit confisqué aux islamistes pour décider de passer à l’acte – ce qui démonte, au passage, les thèses malveillantes véhiculées chez nous jusqu’ici. Au contraire, ils se sont bien alimentés de la présence d’Ennahda dans les hautes sphères de l’Etat pour partir à l’assaut de la société et des institutions.
R. M.
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