Où va la presse ?
Par Kamel Moulfi – La solution facile de l’augmentation des prix tente, de nouveau, certains propriétaires de journaux face à la crise financière qui frappe la presse écrite alors que la qualité de celle-ci est en chute libre. Amorcée à partir du début des années 2000, cette baisse a été chaque jour un peu plus perceptible aux lecteurs, par ailleurs fortement sollicités, depuis peu, par les nouveaux supports qui ont surgi dans le paysage médiatique à travers les sites électroniques et les chaînes de télévision privées. Les journaux ont perdu l’attractivité qu’ils avaient au début de l’émergence de la presse privée quand celle-ci était la source unique de l’information «crédible» donnée aux Algériens et la référence principale dans leurs discussions. Il est indéniable que le nombre de lecteurs des journaux est en train de fondre comme neige au soleil. Fait symptomatique : certains titres créés récemment, non pas pour répondre à un besoin du lectorat, mais pour capter une partie de la rente publicitaire et enrichir rapidement leurs «heureux» propriétaires, tirent un nombre d’exemplaires très réduit qui passent directement du kiosque à l’usine de recyclage de papier, comme l’a fait remarquer un article d’Algeriepatriotique. La soumission aux annonceurs publicitaires est outrageusement indécente alors que la recherche, tout à fait légitime, de recettes autres que celles, insuffisantes, des ventes, devrait être motivée par la nécessité d’accroître les moyens du journal et renforcer son indépendance, pour satisfaire les exigences du lectorat. Tout cela est indigne des sacrifices consentis par les professionnels de la presse qui ont défendu la liberté d’informer et affronté au prix de leur vie la menace terroriste dans les années 1990. Aujourd’hui, la motivation financière qui domine chez le journaliste le pousse à multiplier les piges dans différents journaux dont les responsables n’ont pour seul souci que de remplir les pages, à moindre prix. L’éthique et la déontologie n’ont plus de place dans la presse écrite qui perd ainsi sa crédibilité. Evidemment, cette situation sert les intérêts du pouvoir.
K. M.
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