Que cherche la chaîne Al-Jazeera avec son documentaire sur Houari Boumediene ?
Curieuse démarche à l’endroit de l’Algérie que celle d’Al-Jazeera qui annonce la diffusion ce soir (vendredi 31 octobre) d’un film documentaire historique consacré à l’ex-président Houari Boumediene. Classique, s’agissant d’un récit de vie, le synopsis indique que le documentaire traite des luttes que Boumediene a menées contre ses adversaires depuis le début de son ascension dans l’échelle du pouvoir, notamment quand il était chef d’état-major de l’ALN, puis ministre de la Défense et ensuite chef de l’Etat, jusqu’à sa mort, présentée comme «mystérieuse». Le plus intéressant est certainement dans la partie du documentaire réservée à l’évaluation de cette étape de la vie du pays sous la présidence de Boumediene, avec les commentaires et interventions de ses «partisans» et de ses «adversaires», et de chercheurs spécialisés. Selon le synopsis, le documentaire traitera de la controverse concernant la mort de Boumediene. Ce n’est pas le premier leader arabe décédé auquel la chaîne qatarie a consacré un documentaire. Il y a eu, notamment, le chef de l’OLP, Yasser Arafat, et le Président irakien, Saddam Hussein, ainsi que les rois du Maroc, Hassan II, d´Arabie Saoudite, Fayçal, et de Jordanie, Hussein. Concernant Boumediene, plus particulièrement sur la question de sa maladie subite puis sa mort, le sujet a été déjà évoqué, sur la même chaîne d’ailleurs, dans des interviews de dirigeants arabes, à l’exemple du ministre des Affaires étrangères irakien de l’époque, qui a parlé d’empoisonnement au lithium, mais aucune enquête n’a pu déterminer si cette hypothèse était vraie. Sur d’autres médias, la période Boumediene a surgi dans l’actualité, il y a une vingtaine d’années, avec la fameuse «révélation» sur le trafic des élections. Mais il y a de quoi s'interroger sur le choix du sujet par Al-Jazeera, qui est, rappelons-le, une chaîne manipulée par les services américains. L’épisode dramatique du «printemps arabe», particulièrement dans sa version libyenne, et l’offensive terroriste menée contre la Syrie ont confirmé qu’Al-Jazeera était l’instrument des opérations de déstabilisation du monde arabe, orchestrées par le Qatar pour le compte des Etats-Unis, d’Israël et d’autres pays occidentaux. Les Algériens ont eu à le constater et ont abandonné, en masse, cette chaîne qui a perdu l’audience qu’elle avait chez nous. Al-Jazeera a été supplantée en Algérie par d’autres chaînes internationales, indépendantes de l’argent du Qatar et échappant donc à son diktat. Elles diffusent en langue arabe et semblent plus objectives et plus proches des aspirations des peuples arabes. Il n’est donc pas exclu qu’en traitant d’un thème de l’histoire récente de notre pays, Al-Jazeera cherche à faire un appel du pied à l'Algérie dans le but de reconquérir son audience. Elle ferait même d’une pierre deux coups en abordant ce sujet sensible et en procédant à une manipulation des faits historiques qui provoquerait inévitablement une polémique en Algérie. Ce ne sont, sans doute, pas les seules interrogations que ce documentaire et le timing de sa diffusion, dans le contexte actuel de l’Algérie, soulèvent. Quoi qu'il en soit, avec Al-Jazeera, ce n'est jamais fortuit.
Houari Achouri