La France est redevable à l’Algérie de 1 700 milliards de dollars
Le gouvernement français actuel semble écarter la question de la reconnaissance par la France de son occupation de l’Algérie par un système de colonisation, qui a entraîné des crimes contre l’humanité et de guerre. Cinquante années après, la France évite même de demander le pardon tant attendu par le peuple algérien. Une occupation de 132 années, pendant laquelle des milliers d’Algériens sont assassinés, enlevés, guillotinés, brûlés vifs, disparus, alors que des biens, terres agricoles, résidences, etc. sont spoliés. Un crime contre l’humanité suivi d’un crime de guerre impunis à nos jours. Un détournement de ressources naturelles, exploitées pendant 132 ans… Cela démontre encore une obstination caractérisée à aller vers l’avant dans les relations entre les deux pays. Les Algériens n’ont appris que la mise en veilleuse par la précédente composante de l’APN du dossier du projet d’incrimination du colonialisme en Algérie, alors qu’ils devront savoir que durant les années quatre-vingt-dix, il a été déposé un dossier revendicateur des dédommagements de la période d’occupation et qui concerne aussi la période d’après le recouvrement de la souveraineté. Un dédommagement financier qui s’élève en 1994 à un chiffre de 1 700 milliards de dollars. Ce dossier a été remis aux structures sociales françaises et au Conseil européen, entre les mains de M. Marc Chour, le directeur général par intérim du cabinet du Conseil, Mme Caroline Ravo, juriste auprès de la Commission européenne des droits de l’Homme et à Mme Claudine Lucchini, membre de la direction politique auprès du Conseil. Les documents incluent tous les dommages provoqués par le colonialisme français durant la période d’occupation. Sept millions d’Algériens ont été assassinés, invalides, disparus et condamnés arbitrairement pendant la guerre de Libération. La France devrait les indemniser, le chiffre atteint 8 650 milliards de francs français 1994, soit 1 700 milliards de dollars. Ce dossier déposé le 14 mars 1994 comprend douze volumes, accompagné des résolutions et condamnations de la France par les commissions de défense des droits de l’Homme de l’ONU. En parallèle, des copies du dossier sont remises au secrétaire général des Nations unies et aux diverses organisations qui dépendent de l’ONU : l’Organisation mondiale de la santé, l’Organisation internationale des droits de l’Homme… Sept millions d’Algériens attendent toujours leur indemnisation individuelle, entre 320 000 FF et 4 millions de FF (en 1994). L’attention a été attirée lors de la lecture du dossier pendant plusieurs séances par la découverte d’une vraie magouille dans la procédure employée pour permettre le transfert de sommes importantes d’argent par les structures et entreprises publiques françaises et parapubliques, pour alimenter les partis politiques français, comme il a été manigancé par le Parti socialiste et les associations à l’instar de l’association «France Blouz» à l’époque, qui ont transféré au profit d’institutions privées les fonds de la Sonacotra et aussi la caisse des activités sociales FAS, alors que ce sont des cotisations de la communauté maghrébine. Dans le même contexte, il a été aussi découvert une opération de détournement maquillée des indemnités civiles et militaires et celles classées retraite complète ou partielle, et le détournement maquillé des pensions civiles et militaires selon la loi du 3 juillet 1962. L’étude du dossier a relevé certaines zones d’ombre et complicité dans l’usurpation des droits de la couverture sociale algérienne relative à la prise en charge pendant la durée des soins à l’étranger et les avantages sociaux, un droit des femmes, vieux et enfants. A signaler aussi le refus caractérisé et les mesures draconiennes des autorités françaises de délivrer des visas aux citoyens algériens qui devraient être pris en charge par les instances sociales françaises, ceux qui sont nés entre 1830 et le 3 juillet 1962. La France est toujours redevable envers eux et envers les anciens combattants et leurs ayants-droit. Les anciens combattants, les retraités et leurs ayants-droit ne bénéficiaient jamais d’une prise en charge en France ou en Algérie. Alors qu’un budget considérable est alloué depuis 1962, où va cet argent ? En suivant les traces de ce dossier qui dort dans les tiroirs du Conseil européen, nous avons eu l’impression ou pressenti que des responsables politiques algériens ne semblaient pas donner de l’importance à ce dossier, comme il a été le cas du projet d’incrimination du colonialisme. Des citoyens algériens nous ont exprimé leur tristesse envers certains responsables algériens, qui se dérobent chaque fois où il y a un dossier qui touche directement le colonialisme français en Algérie. Alors que ceux-là mêmes ne revendiquent pas la récupération des archives de l’Algérie. Par ailleurs, la France, n’a jamais honoré ses créances envers l’Algérie, une somme arrêtée à une époque à plus de 80 milliards de dollars non encore honorée, concernant les locations des bases après l’indépendance : la zone de Mers El-Kebir, qui s’étendait jusqu’à Bousfer, la base ex-Lartigue et la base de Béni Ounif dit «B2 Namous» où les militaires français sont restés déguisés en civils jusqu’à 1978.
1830 : la France envahit l’Algérie et pille ses biens
Selon les statistiques officielles de source française, les colonisateurs français sont arrivés le 14 juin 1830 à Sidi Fredj (Alger) avec une force commandée par De Bormone composée de 35 000 fantassins, 24 000 marins, 4 512 chevaux, une flotte composée de 675 bateaux dont 103 navires de guerre. La résistance algérienne, selon la documentation publiée par le ministère de la Défense nationale en1974, était composée de 50 000 moudjahidine. Selon le livre Histoire de l’Algérie contemporaine-Début de l’occupation du docteur Abou El-Kasem Saad Allah (Le Caire 1970), la force locale, à cette époque, n’était composée que de 6 000 soldats réguliers. Il ajoute que Hadj Ahmed Bey de Constantine avait promis d’envoyer 30 000 combattants, Hassen Bey d’Oran, 6 000 combattants, Mustapha Boumezrag, bey du Titteri, 20 000 combattants. Les notables de Djurdjura ont promis d’envoyer entre 16 000 et 17 000 combattants, les Mozabites 4 000 combattants. Mais le gros de cette force réunie n’est pas arrivé à Alger. Le bey du Titri est arrivé seulement à la tête de 1 000 hommes au lieu de 20 0000 hommes. Finalement, l’Emir Abdelkader engage une lutte acharnée dans une vaste zone allant de la Kabylie à Tlemcen, combat dans lequel il provoqua de très lourdes pertes dans les rangs de l’occupant, notamment lors de la bataille dite de la Macta, près de Boufatis, où plus de 800 soldats français sont anéantis en 48 heures, provoquant aussi la débâcle dans le milieu des officiers supérieurs français et de Paris. Le manque d’armes lourdes a fait que l’armée de l’Emir Abdelkader s’est retrouvée handicapée pour poursuivre la lutte jusqu’à l’épuration de la terre algérienne des agresseurs. Les agresseurs français ont occupé Alger, leurs soldats ont entrepris de grandes opérations de pillage des biens et surtout les biens de l’amirauté algérienne et le trésor du gouvernement. Le pillage des biens était estimé à 150 millions de francs en or, alors que les officiers français ont volé pour leur propre compte 100 millions de francs, et n’ont déclaré que la somme de 50 millions de francs en or, ajoutant que c’est le montant trouvé au trésor algérien. En plus, la colonie française a mis la main sur 2 000 canons, dont 800 canons en bronze pur, dont le prix est estimé à la somme de 4 millions de francs en or. Selon une estimation officielle de la France, le colonisateur a mis la main sur la somme de 48 864 527 francs. Canons en bronze et cuivre estimés à 4 000 000 francs. Quantité de coton et divers de 2 000 000 de francs, soit un total de 55 864 527 francs en juillet 1830. Un vol d’Etat caractérisé, alors qu’aujourd’hui, des informations sont publiées relatives à des demandes d’anciens colons et occupants illégaux de restitution de «biens» ! Ainsi, la France doit restituer les biens de l’Algérie, détournés et spoliés de 1830 au 3 juillet 1962 et dédommagé les conséquences de l’occupation, soit 1 700 milliards de dollars, chiffre arrêté en 1997.
A. Ben Brik
Comment (25)