Bernard-Henri Lévy cherche-t-il à saborder le dialogue interlibyen parrainé par l’Algérie ?
L’écrivain pro-israélien français Bernard-Henri Levy a avoué dans une interview à l’hebdomadaire Le Point qu’il était choqué de s’apercevoir à quel point il était indésirable là où il foule les pieds, après l’accueil qui lui a été réservé à son arrivée samedi à Tunis. Il tente de relativiser l’événement, en parlant de «quelques dizaines d'islamistes ou, peut-être, d'exilés kadhafistes qui (l)'attendaient à l'aéroport», alors que les images ont montré des Tunisiens et des Tunisiennes d’un tout autre bord. Tous pour lui ne sont que des «antisémites fanatisés» ou des «biberonnés au conspirationnisme». Ce qui intrigue davantage BHL, c’est la campagne qui a suivi sur les réseaux sociaux. «En quelques heures, dit-il, j'étais devenu, dans le meilleur des cas, je veux dire dans les journaux convenables, un “intellectuel juif”, ou un “agent sioniste”, venu semer le désordre et déstabiliser, à moi tout seul, la jeune démocratie tunisienne. Dans le pire des cas, c'est-à-dire sur certains blogs, j'étais un “chien”, une “vermine”, un “vampire qui se nourrit du sang arabe”, un type qu'il fallait “lyncher” si on le rencontrait». Interrogé sur l’objet de sa visite, il reconnaît qu’il s’est rendu à Tunis pour rencontrer «des amis libyens afin de poursuivre en terrain neutre et, avec moi, le dialogue de réconciliation nationale». Il ne dit pas en quelle qualité il organise de telles réunions et pour le compte de qui, et n’explique pas non plus qui réconcilier avec qui dans cette histoire libyenne qu’il gère décidément comme un missi dominici agissant pour le compte de forces occultes. Or, on sait qu’un dialogue interlibyen a été engagé par l’Algérie depuis quelques semaines pour aboutir à une réconciliation nationale, dans un cadre transparent et légal. Alors, il y a lieu de s’interroger si l’émissaire secret des Français n’a pas pour mission de court-circuiter ce processus et de saborder ainsi tout effort algérien de conduire un processus de paix dans ce pays voisin livré au chaos depuis l’invasion occidentale pensée et mise en œuvre par ce même Bernard-Henri Lévy, il y a trois ans. Autant d’interrogations qui justifient bien toutes les suspicions qui entourent ses déplacements dans la région. Il se contente alors, comme seule réponse, de tourner en dérision ceux qui l’accusent d’incarner «de noirs desseins de l'étranger» et d’être «un agitateur professionnel». Content d’avoir mené sa mission à terme en Tunisie, l’écrivain pestiféré a évité de révéler comment et quand il en est ressorti.
R. Mahmoudi