A qui s’adresse l’opposition ?
Par Kamel Moulfi – Le soixantième anniversaire du 1er Novembre 1954 est passé sans le moindre frémissement dans la classe politique, qu’elle soit au pouvoir ou dans l’opposition, qui aurait pu faire bouger le statu quo et sortir de sa torpeur la population dont une grande partie semble avoir pris la décision de rester à l’écart de tout ce qui n’a pas un rapport direct avec ses ennuis quotidiens : salaire, logement, emploi et même conditions de vie, puisque des gens manifestent dans la rue pour réclamer le gaz de ville, le désenclavement, l’eau, etc. Mise à l’écart par les «décideurs», qui se sont multipliés à tous les niveaux, la population a décidé, elle aussi, de montrer son indifférence à ce qu’ils font. Seuls les observateurs dont c’est le métier s’intéressent à la scène politique. Comme d’habitude, quand la communication institutionnelle et officielle ne fournit rien de consistant, et que tout se prépare dans l’opacité, ils ont scruté les images à la télé et tendu l’oreille aux rumeurs pour décrypter la situation et essayer de deviner la suite des événements. Le résultat de cette «investigation» peut tout juste confirmer qu’«en haut», l’harmonie ne règne pas. Il est clair que la maladie du Président l’empêche d’arbitrer les conflits de toute nature qui surgissent et divisent le personnel du pouvoir. Au centre de la discorde difficilement perceptible à «l’œil nu», certains placent Tayeb Belaïz, ministre de l’Intérieur, qui est présenté dans les médias en «homme du Président», comme si cette mention pouvait le distinguer des autres ministres qui ne cessent de vouloir montrer leur proximité avec le président de la République à coups de «fakhamatouhou» (Son Excellence) dans toutes leurs interventions. Cela dit, le remaniement gouvernemental promis par les rumeurs a fait «faux bond», alors qu’il aurait pu aider à voir plus clair. On peut noter aussi que depuis que Belkhadem a quitté le paysage, plus personne ne parle du projet de révision de la Constitution et encore moins Ouyahia qui a, pourtant, été chargé par Bouteflika de suivre le projet. En refusant de s’inscrire dans cette perspective et en choisissant de faire son chemin à part, l’opposition a tué l’espoir d’une révision consensuelle de la Constitution. Toutefois, son appel ne risque pas de trouver un écho dans la masse, il est adressé à un peuple désorienté et démobilisé sur le front politique.
K. M.
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