Transport ou transmort ?
Par Kamel Moulfi – La catastrophe ferroviaire qui a eu lieu ce matin aux portes d’Alger, et dont la gravité est attestée par la présence immédiatement sur les lieux du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, n’a malheureusement rien de surprenant quand on connaît l’ambiance délétère, voire d’irresponsabilité, qui a commencé à se répandre depuis quelque temps partout dans le pays. Cet accident vient s’ajouter à une série, marquée de façon spectaculaire par les incidents enregistrés dans le transport aérien, mais dont la constante dramatique est constituée par les accidents de la route avec des bilans qui ne cessent de s’aggraver. Hier, le Premier ministre sommait les Algériens de se «départir du pessimisme ambiant entretenu par des gens qui ne veulent pas le bien de leur pays». Nous devrions clamer à l’unisson que «tout va bien» ? Au lieu de s’en prendre à ceux qui sur le terrain font œuvre de véritable sabotage en étant souvent grassement rémunérés et en tout cas jamais sanctionnés pour leurs fautes, le pouvoir s’attaque à ceux qui déclenchent les alertes par leurs critiques. L’offensive menée par le ministre de la Communication, Hamid Grine, contre la liberté de la presse s’inscrit dans ce sens. Ce serait faire preuve de pessimisme et diffamer en rappelant que des sommes faramineuses ont été données au secteur du transport ferroviaire pour sa modernisation et le renforcement des conditions de sécurité, mais qu’une bonne partie de cet argent est détournée vers l’organisation abusive de séminaires et les voyages, au détriment, on le voit, de la sécurité des voyageurs. Où va l’argent public ? On en a eu une petite idée avec les activités de bas de gamme organisées pour la commémoration du 1er Novembre comme les soirées musicales ou autres activités juste pour remplir les caisses d’une boîte de communication propriété du fils ou de la fille d’un ponte du système ou d’un proche, avec des miettes pour la «clientèle» qui gravite autour du pouvoir. Et la hausse des prix qui touche tout ce qu’il y a dans le marché, avec la pomme de terre qui a atteint 100 DA le kg, qui est responsable de cette situation ? A-t-on cherché à le savoir et à sanctionner ? Qui dans l’Etat, dont les devoirs comportent un volet social dans tous les systèmes, se soucie de ce que vont manger les gens ? Et la curée sur le foncier, partout dans le pays, pour construire des centres commerciaux et des parkings, et non pas pour des activités agricoles et la sécurité alimentaire ou pour des activités industrielles et sortir du tout hydrocarbures (le prix du baril de pétrole s’est approché, dans sa chute, des 80 dollars pendant que le Premier ministre faisait son discours, hier). Le déraillement du train Thenia-Alger suffira-t-il à éveiller les consciences et à redresser la situation ?
K. M.
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