Un communiqué de la Présidence suffit-il pour convaincre une opinion de plus en plus méfiante ?

De nouveau, sur un fait qui concerne directement les Algériens puisqu’il s’agit de la santé de leur Président, un véritable cafouillage a été provoqué par le manque de communication de la part des institutions nationales chargées de nous informer. Un média français, Le Dauphiné Libéré, a donné une information reprise par plusieurs autres grands médias français mais aussi des sites algériens, selon laquelle le président Bouteflika a été hospitalisé à Grenoble en France, hier jeudi. L’absence de réaction officielle, côté algérien, c’est-à-dire pas de démenti au moment où nous rédigeons cet article – un communiqué devrait être lu à la télévision, a-t-on appris, pour démentir la dégradation de l’état de santé de Bouteflika –, a évidemment contribué à donner du crédit à cette information d’autant plus qu’elle a été accompagnée de détails destinés à convaincre de la véracité du fait. Si les Algériens ont tendance à croire ce qui est balancé par les médias ou les responsables français, c’est parce que plus d’une fois, ces derniers ont eu à donner, en primeur, des informations qui se sont avérées justes. Il faut se rappeler que c’est Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, qui a révélé le projet d’exploitation du gaz de schiste en Algérie. L’information a été confirmée des mois plus tard par un communiqué du Conseil des ministres qui annonçait le début des opérations dans ce domaine. Plus récemment, après le crash de l’avion affrété par Air Algérie, donc un vol de la compagnie nationale, survenu au Mali, c’est la communication officielle en France qui a alimenté les médias en Algérie, en particulier les sites électroniques censés donner les informations quasiment en temps réel. Il y a eu d’autres situations, toujours sur des cas qui concernent l’Algérie directement, où les médias, qu’il s’agisse de la presse écrite, des chaînes de télévision privées ou des sites électroniques, sont forcés de suivre l’actualité à partir de sources outre-mer pour donner aux Algériens l’information. Concernant l’information avancée par Le Dauphiné Libéré, c’est la confusion : alors que des sources françaises confirment l’hospitalisation du président Bouteflika à Grenoble – une chaîne de télévision française en a fait état dans son journal de 19h30 –, un média algérien, se référant à des sources officielles, affirme que l’information est fausse et que le Président se trouve à Alger et n’est pas hospitalisé à Grenoble. Qui croire ? Un communiqué de la présidence de la République suffit-il pour convaincre une opinion publique algérienne de plus en plus sceptique et méfiante ?
Houari Achouri