Une danse à quatre temps
Par M. Aït Amara – Amar Saïdani ne sait plus sur quel pied danser mais il sait où. C’est devant le buffet que le secrétaire général du FLN lève la jambe, attendant toujours que le signal du repas soit donné pour pouvoir se goinfrer en évitant de prendre un coup de fourchette d’un de ces nombreux gastrolâtres qui se bousculent devant la table garnie en même temps que lui. Excellent calculateur, Amar Saïdani a monté le rythme crescendo, réglant le pas en oscillant légèrement des épaules mais sans se dandiner au début, histoire de paraître digne. Puis, d’un pas très inspiré, mais ralenti, il commence à balancer légèrement du corps en attendant de passer à la phase supérieure qui le rapproche du chef d’orchestre. Entrant dans le rythme, il se balance sur des pas chassés pendant que le bassin se déhanche. Se rapprochant de plus en plus de l’objectif, il entame une danse énergique faite de petits sauts. La vélocité de cette nouvelle danse interdit aux novices en politique de se précipiter sur la piste. Mais le talent et l’acharnement de Saïdani le propulsent au premier rang de l’orchestre où, hissé au rang de meneur, il mime désormais un torero esquivant les assauts d’un assaillant imaginaire. Ses mouvements gracieux conquirent les esprits de ceux qui y ont vu un futur homme d’Etat et qui le nommèrent à la tête du Parlement puis du FLN. Saïdani se mit alors à danser sur un rythme vif tout en prenant garde à toujours rester dans le tempo marqué par les percussions, annonçant l’émancipation qu’il commence à revendiquer de son ancien métier qu’il a troqué pour celui de choriste dans une comédie dramatique algérienne intitulée «Le quatrième mandat».
M. A.-A.
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