L’horreur fatale
Par R. Mahmoudi – La diffusion de nouvelles vidéos horribles du réseau terroriste Daech, où les bourreaux acceptent pour la première fois d’apparaître à visage découvert, montre la fatuité de cette alerte mondiale lancée depuis quelques semaines par les grandes puissances mondiales, qui avaient promis de décimer ce monstre à sept têtes. Cette manière de narguer, en direct, les grands décideurs marque clairement une nouvelle étape dans l’escalade de la violence terroriste au Moyen-Orient, pendant que les pays membres de l’Otan pataugent encore dans leurs clivages géostratégiques qu’ils n’arrivent pas à dénouer. Les résultats des discussions récentes entre le vice-président américain et le président turc, sur la question à Ankara, en disent long sur les divergences d’intérêt qui empêchent aujourd’hui la mise en place d’une véritable stratégie de lutte contre le terrorisme dans la région. Plus que les Etats-Unis, la France et la Turquie portent une lourde responsabilité dans cet engrenage infernal dans lequel une partie du monde arabe a été plongé. Nul ne peut nier aujourd’hui que l’irruption de Daech dans cette conjoncture, et avec la violence qu’on lui connaît, a été la conséquence directe du soutien multiforme apporté par Paris et Ankara, et leur allié qatari, aux milices armées en Syrie, depuis plus de trois ans maintenant. Mais aucun responsable n’ose reconnaître cette erreur fatale. Il a fallu attendre plusieurs mois de massacres et l’apparition des premiers «djihadistes» européens, y compris parmi les égorgeurs, pour que Fabius et Obama daignent parler, enfin, bien que timidement, de groupes extrémistes en Syrie aux côtés de l’«opposition modérée» en Syrie. Or, il s’agit d’ici de responsabilité criminelle : les millions de dollars, les armes sophistiquées et l’assistance militaire fournis pendant des années à ce conglomérat de rebelles ont dû profiter aux plus présents sur le terrain ; c’est-à-dire aux islamistes. Cela était, pourtant, très visible dès le départ. C’est pourquoi le bon sens voudrait que toute guerre crédible contre Daech aujourd’hui passe, d’abord comme première étape, par l’assèchement immédiat des sources financières qui alimentent ces terroristes. Même si, à vrai dire, le mal est déjà fait. L’émir du Qatar a été amené récemment, devant la chancelière allemande, à jurer que son pays n’a jamais financé le terrorisme. On aurait aimé l’entendre dire cela devant un tribunal.
R. M.
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