L’Algérie prendra-t-elle part à une réunion de la coalition contre Daech prévue au Maroc ?
L’information, rapportée par l’AFP, est venue de la diplomatie américaine : une réunion des pays membres de la coalition contre Daech se tiendra le 15 décembre prochain à Marrakech, au Maroc. Elle sera centrée, selon la même source, sur le «renforcement des contrôles aux frontières et à l’établissement d’une liste noire». Cette annonce a été faire à l’issue d’une rencontre entre le secrétaire d’Etat américain John Kerry, hier, mercredi 3 décembre à Bruxelles, et les ministres des pays membres de cette coalition. L’Algérie est-elle concernée par cette réunion de la coalition contre Daech prévue au Maroc ? Et dans ce cas, y prendra-t-elle part et avec quel niveau de participation ? S’agissant de Daech, officiellement, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait affirmé le 20 octobre dernier, alors qu’il était en déplacement à In Guezzam et à Bordj Badji-Mokhtar, au sud du pays, que cette internationale terroriste n’a pas ses racines en Algérie. Les quelques éléments qui se réclament de cette nébuleuse doivent être éliminés définitivement, avait-il ajouté. Est-ce une manière d’ignorer ce mouvement terroriste qui est né et agit bien loin de notre pays, même si le groupe qui a enlevé le 21 septembre dernier et assassiné le Français Hervé Gourdel s’en revendique ? Qu’est-ce qui justifierait que l’Algérie participe à la réunion de Marrakech ? Tout le monde sait que depuis quelques années, l'Algérie boycotte les réunions ayant trait à la question sécuritaire et la lutte contre le terrorisme quand elles se tiennent au Maroc. Ni le ministre des Affaires étrangères ni celui de l’Intérieur ne se sont rendus au Maroc lors de conférences et réunions de rang ministériel consacrées à la question du terrorisme et quel qu’en soit le but, renforcer la coopération ou élaborer une stratégie ou autre. Au mieux, notre pays se fait représenter par un haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères. Personne n’a oublié le geste, commis il y a un an, délibérément hostile à l’Algérie, du Marocain en arrachant le drapeau algérien du consulat à Casablanca, et de surcroît un 1er novembre, portant ainsi doublement atteinte aux symboles sacrés de notre pays. Une vidéo postée sur YouTube avait montré les images de cet acte accompli sous les applaudissements d’un groupe de manifestants qui lançaient des slogans anti- algériens. Ce geste est resté impuni. Il avait été précédé par le rappel à Rabat de l’ambassadeur du Maroc à Alger. Dernièrement, le Makhzen a voulu créer un climat de tension artificiel avec l’Algérie en montant une grossière provocation à la frontière pour ensuite s’en prendre à notre armée accusée, de façon mensongère, d’avoir tiré sur un citoyen marocain et de l’avoir blessé au visage. La frontière entre les deux pays, fermée depuis 1994, est le lieu de passage dans un sens d’une contrebande de marchandises et produits subventionnés par l’Algérie et dans l’autre sens d’un trafic de drogue provenant du Maroc qui a fini par constituer pour l’Algérie un problème de sécurité nationale. Daech est-il une bonne raison pour l’Algérie d’oublier tout cela et d’aller à Marrakech ?
Houari Achouri