Le déplacement de Gaïd-Salah à Ouargla a-t-il un lien avec les émeutes qui secouent la région ?
Le vice-ministre de la Défense nationale et chef d'état-major de l'Armée nationale populaire, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd-Salah était ce jeudi dans la wilaya de Ouargla pour une visite de travail dont on ne connaît pas tous les tenants et aboutissants. Le déplacement du chef d'état-major de l’armée dans la 4e Région militaire, qui n’était pas annoncé, pourrait entrer dans le cadre des visites d’inspection que le premier responsable de l’armée poursuit à travers les régions frontalières pour s’enquérir de l’application des mesures prises pour sécuriser les frontières du pays. Des sources indiquent que le chef d’état-major de l’armée a peut-être un message à adresser à un moment où la région sud du pays est prise de convulsions avec la montée de la menace terroriste en provenance du Mali et de Libye, mais aussi des autres phénomènes venus se greffer à cette situation, à l’image de la hausse du trafic et du banditisme et des flux migratoires subsahariens. Lors de sa dernière sortie, la semaine dernière à Béchar, sur le territoire de la 3e Région militaire, Gaïd-Salah a, en effet, exhorté les troupes de l’ANP à «consentir davantage d’efforts et d’abnégation afin de préserver l’intégrité territoriale du pays et de défendre ses frontières contre les divers fléaux». Cependant, certaines sources n’hésitent pas à établir un lien entre cette virée de Gaïd-Salah dans la wilaya de Ouargla et les derniers évènements sanglants enregistrés dans la région qui se sont soldés par la mort de trois personnes, suite à de violents affrontements entre des citoyens et la police. Comme la tension ne s’est pas réellement estompée malgré le déplacement dans la région du ministre de l’Intérieur, qui avait pris un certain nombre de mesures visant à faire revenir le calme, l’armée serait peut-être encore tentée d’intervenir pour apporter sa contribution dans la recherche d’une solution pérenne aux problèmes des populations locales, comme elle l’a déjà fait à Ghardaïa. Car, faut-il le rappeler, au-delà des derniers évènements enregistrés à Touggourt, la région de Ouargla est devenue, ces dernières années, un foyer de tension sociale exacerbée par une gestion locale déficiente. C’est probablement cela qui aurait inspiré un déplacement dans la région du chef d’état-major de l’ANP. Cette visite intervient également à un moment où plusieurs acteurs politiques dans le pays ont exprimé des réserves quant à la neutralité de l’armée dans le champ politique, tel qu’explicité par Gaïd-Salah la semaine dernière. Ses déclarations dans lesquelles il vilipendait indirectement tous ceux qui contestent la légitimité des élections, n’ont pas laissé indifférente l’opposition qui s’est exprimée à travers notamment la CLTD. Celle-ci rétorquait, en effet, que «le temps des doutes sur l’autre (l’opposition) parce son avis diverge de celui des détenteurs du pouvoir en semant sur lui confusion, doute, voire collusion avec l’étranger est totalement banni, le peuple algérien ayant atteint un degré de maturité et de conscience dû à l'expérience politique est le seul souverain dans ce chapitre apte à trancher dans les affaires politiques du pays». Les leaders de la Coordination étaient allés jusqu’à accuser les corps constitués d’avoir soutenu «l’option du pouvoir illégitime» et d’avoir toujours cautionné les fraudes électorales. La sortie sur le terrain à Ouargla pourrait peut-être constituer une occasion pour Gaïd-Salah qui serait tenté, pour sa part, de répondre aux accusations de l’opposition.
Amine Sadek