Lutte antiterroriste : la France se tourne-t-elle vers l’Algérie ?
Après avoir fait cavalier seul en décidant d’envoyer ses troupes au Mali, la France finit par se rendre à l’évidence en mesurant la complexité de la tâche qu’elle s’est auto- assignée. N’arrivant pas à venir à bout des groupes terroristes qui infestent depuis quelques années le Nord-Mali, la France se tourne vers l’Algérie, forte de par sa longue expérience dans la lutte contre les organisations terroristes et de par sa fine connaissance du territoire malien et de sa composante humaine. Ainsi, au-delà des contrats de marchés conclus, la visite du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à Paris a porté sur la coopération dans le domaine de la lutte antiterroriste. Les autorités françaises ont, en effet, exprimé leur franche volonté de coopérer de manière plus étroite avec l’Algérie dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, pas uniquement au Mali mais dans toute la sous-région sahélo-sahélienne. «Les deux parties ont marqué leur détermination à poursuivre leur dialogue et à approfondir leur coopération en matière de lutte contre le terrorisme», est-il souligné dans la déclaration commune sanctionnant la deuxième session du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français. Elles ont noté avec satisfaction «l'intensification des échanges et le développement de la coopération bilatérale en matière de sécurité» et ont souhaité que «cette dynamique soit poursuivie, notamment en matière de coopération opérationnelle, d'échanges d'informations et de formation». Les autorités françaises ont fini par admettre la nécessité de renforcer leur «collaboration» opérationnelle avec les autorités algériennes pour pouvoir vaincre le terrorisme dans la région. «La coopération bilatérale entre la France et l'Algérie dispose d’un important potentiel de croissance fondé sur une vision convergente des défis sécuritaires», est-il relevé avec insistance dans la déclaration commune, notant que la 7e session de la réunion des sous-commissions spécialisées de la Commission mixte de coopération dans le domaine de la défense algéro-française, qui s'est tenue les 17 et 18 novembre 2014, a permis d'ouvrir de nouvelles perspectives de coopération pour l'année 2015. Des propositions concrètes ont été formulées à cette occasion pour dynamiser les échanges d'analyses sécuritaires et stratégiques, accroître l'échange d'expertise, renforcer la coordination opérationnelle dans la lutte contre le terrorisme dans la sous-région du Sahel et œuvrer pour le tarissement des sources de financement des groupes terroristes à travers le paiement des rançons, le crime organisé et le trafic de drogue. S’agissant du tarissement des sources de financement du terrorisme, la France devra enfin franchir le pas et soutenir le combat mené par l’Algérie pour la criminalisation du versement de la rançon. Car, la France est, d’après des rapports, notamment américain, l’un des «champions» du paiement de rançons dans le monde. Selon une grande enquête du New York Times, Paris a payé en 2013 près de 60 millions de dollars de rançons à l'organisation terroriste Al Qaïda au Maghreb islamique. De l’argent que cette organisation terroriste a utilisé pour s’équiper en armes lourdes et recruter d’autres mercenaires. Il est à souligner que les autorités françaises, qui considèrent toujours les pays du Sahel comme leur chasse gardée, ne coopèrent pas toujours avec l’Algérie pour enrayer la menace terroriste qui pèse également sur notre territoire.
Rafik Meddour