Le poids du contentieux
Par Kamel Moulfi – La montagne a accouché d’une souris à Paris. La formule, qui a son équivalent aussi percutant dans la langue du terroir, chez nous, convient parfaitement à la réunion du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français. Le révélateur médiatique le montre bien : entre l’annonce et le résultat, il y a de quoi justifier la déception. A l’euphorie qui dominait avant, a fait place le réalisme, après. Cela prouve qu’aucun discours ne peut annuler le poids du contentieux historique entre les deux pays, né de la colonisation et de la guerre que le peuple algérien a été contraint de mener pour s’en débarrasser. Il faut lire les auteurs français, notamment les historiens qui ont écrit sur l’occupation coloniale de l’Algérie et les crimes commis par l’armée de leur propre pays, pour se convaincre que l’exigence de repentance posée par les Algériens à la France n’est pas exagérée. Tant que, côté français, ce geste n’aura pas été fait, il y aura toujours une grosse ombre sur les relations entre les deux pays, exprimée dans ce sujet qui, s’il fâche aujourd’hui, est seul en mesure de libérer une vraie coopération sincère. Le comportement des dirigeants français indique que nous en sommes encore loin. La question des archives qui ont été emportées d’Algérie par l’armée française dans ses bagages, au moment où elle quittait définitivement notre pays, est un des indicateurs de la bonne volonté, de l’autre côté de la Méditerranée, de corriger les erreurs du passé. Or, sur cette «petite» question, il n’y a rien de concret. Il s’agit évidemment des documents qui concernent la guerre de Libération et les exactions de l’armée française. Il faut rappeler que la France a tardé à remettre la cartographie permettant à l’Algérie de retirer les mines placées par l'armée française aux frontières est et ouest du pays durant la guerre de Libération, ce qui a eu pour conséquence d’allonger encore le bilan de la guerre comme si elle ne s’était pas arrêtée.
K. M.
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