L’Etat encourage la gabegie
Par Kamel Moulfi – Les hôpitaux ne paieront pas leurs dettes. L’information a été donnée de la façon la plus laconique par l’agence officielle au point où elle a été «zappée» par la presse. Ce n’est pourtant pas une mince affaire, puisqu’il s’agit d’une somme qui s’élève à 25 milliards de dinars, et bénéficie à 622 établissements de santé. A peu près, en moyenne, 4 milliards de centimes par unité, mais la répartition est peut être inégale. On n’en sait rien. Il y a matière à s’interroger légitimement sur cette décision prise par le gouvernement et annoncée par le ministre de la Santé, hier à Tipasa. Se trouvera-t-il un député pour demander au ministre quelques petites explications. ? A qui va profiter l’assainissement de la situation financière des hôpitaux ? A quoi correspondent ces dettes et sur combien d’exercices sont-elles étalées ? Est-ce qu’il s’agit de factures concernant les services publics de base comme l’eau, l’électricité, le gaz ? De dépenses liées à la cantine, aux consommables utilisés dans l’administration, pour l’hygiène…? Ou bien les gros achats d’équipements et de matériels médicaux ? Le budget global alloué au secteur de la santé est considérable, près de 8% du PIB, mais, tout comme l’information sur l’effacement de l’endettement, ce budget est décidé, aux dires des professionnels eux-mêmes, dans l’opacité, aussi bien pour ses objectifs que pour sa finalité. Résultat : selon l’avis de praticiens, l’argent est gaspillé dans l’achat irréfléchi d’équipements pour lesquels, parfois, il n’y a même pas le personnel formé pour les utiliser et encore moins pour en assurer la maintenance. C’est sans doute une des raisons de l’inefficacité d’une telle politique de financement qui ne donne aucun résultat satisfaisant. Le constat est unanime chez tous ceux qui ont eu à approcher un hôpital. Les soins sont gratuits, mais les conditions de prise en charge sont totalement dégradées pour celui qui n’a pas un appui dans le corps médical ou paramédical. Les signes de mauvaise gestion sont flagrants. Mais personne n’aura à payer. Alors, on efface tout… et on recommence ? Tout porte à le croire.
K. M.
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