Encore la paix sociale
Par Kamel Moulfi – «Gestion chaotique», ces termes reviennent dans la presse pour expliquer l’éviction de Mohand Laid Mahloul de son poste de directeur général d’Algérie Poste. En fait, la vraie raison n’est pas la mauvaise gestion en elle-même, car il y aurait une cascade de limogeages, tant l’incurie est un peu partout, mais plutôt, comme le fait remarquer l’article d’Algeriepatriotique, son impact sur la paix sociale. Imaginez une grève des travailleurs des chèques postaux au moment du virement des pensions de retraite et des salaires des fonctionnaires. Il ne sert à rien au pouvoir de dépenser sans compter pour acheter la paix sociale, si cette «générosité» n’a pas d’effets calmants sur les frondeurs, car, tout le monde le sait, le but des augmentations de salaire est d’empêcher le front social d’entrer en ébullition et d’embraser tous les secteurs. L’attention est portée particulièrement sur les secteurs qui ont un rapport direct avec les conditions de vie de la population, comme les services publics de base. Le partage de la rente sous d’autres formes que le salaire est de plus en plus un motif de protestation traité, également, avec précaution par le pouvoir. Dernièrement, il ne fallait pas être très perspicace pour s’étonner devant la célérité avec laquelle les autorités centrales ont pallié aux carences des responsables locaux à Touggourt en donnant satisfaction aux jeunes qui ont manifesté pour exiger des lots à bâtir. Leur distribution a été ordonnée sur-le-champ. La même observation peut être notée à l’occasion de la marche récente des Patriotes qui ont voulu attirer l’attention sur les lenteurs à appliquer un décret qui leur reconnaît les droits qu’ils revendiquent. Ils ont été reçus, sans tarder, par les autorités concernées qui ont choisi le dialogue au lieu de la sourde oreille habituelle appuyée sur la répression. Au fond, c’est, une fois de plus, la confirmation que seule la lutte paie, comme le disait le regretté leader syndical Redouane Osmane. Les récents limogeages, provoqués par le mouvement social, sont, en même temps, un message vers les gestionnaires, à la fois comme avertissement et incitation, pour les amener à faire leur travail dans le respect de la loi.
K. M.
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