Le Quai d’Orsay ordonne à France 24 et TV5 Monde d’envahir l’espace public en Algérie
Confrontée à une crise économique sans précédent, la France tente par tous les moyens de reconquérir l’Algérie qui a diversifié ses partenaires. C’est à travers ses relais médiatiques qu’elle s’échine à retrouver sa place d’antan. Les chaînes françaises TV5 Monde et France 24 ont lancé une campagne publicitaire en Algérie pour améliorer leur audimat auprès des Algériens et redorer, par ricochet, le blason d’une France honnie par la population en raison de son attitude néo-colonialiste et paternaliste. Le gouvernement français est vraisemblablement nostalgique de la période où l’Algérie était perçue à travers le monde comme étant sa chasse gardée. Les deux médias français ont acheté de larges espaces publicitaires. De grands panneaux visant à promouvoir les émissions et les différents programmes de ces chaînes sont visibles à travers la capitale et les grandes villes du pays. Les chaînes françaises ne caracolent plus en tête du classement des chaînes les plus regardées par les Algériens. Cela illustre la perte d’influence de la France en Algérie. Cette initiative cache en réalité une volonté de renforcer la présence de l’Hexagone dont l’image a été ternie par la hausse des actes racistes et islamophobes et la montée de l’extrême droite. Les Algériens sont écœurés par la quasi-institutionnalisation du racisme avec en filigrane des lois pernicieuses et rédhibitoires dirigées subrepticement contre les étrangers et les Français d’origine maghrébine ou africaine. Aussi bien la droite que la gauche ont adopté un discours équivoque proche de la rhétorique de la pasionaria de l’extrême droite Marine Le Pen et son parti ouvertement xénophobe, le Front national. La facilitation de la circulation des personnes reste un vœu pieux que les diplomates français réitèrent à chaque fois que l’occasion se présente sans que des décisions allant dans ce sens soient prises. Cette attitude des Français ne fait que renforcer la rancune des Algériens qui n’ont pas oublié le passé colonial douloureux. Les Français s’inquiètent également du recul de la langue française au moment où l’on remarque un engouement pour l’anglais voire pour l’allemand, l’espagnol ou le chinois. La France voit d’un mauvais œil ces changements. D’où ces initiatives.
Sonia Baker