Cache-cache sans intérêt
Par Kamel Moulfi – Bouteflika a-t-il été transféré hier, mardi, en France pour soins ? La rumeur le prétend, mais la Présidence ne dit rien et, surtout, la rue ne cherche pas à le savoir. Sur le site «confidentiel», à l’origine de ce bruit, l’information vaut 5,2 euros. Une fois n’est pas coutume sur ce registre, et c’est le seul motif de fierté pour nous : les médias français qui ont repris la rumeur ont cité comme sources leurs homologues algériens. Mais ce jeu de cache-cache n'intéresse plus les Algériens qui se focalisent en ce moment sur le prix du pétrole qui ne cesse de dégringoler. Ils sont conscients que la politique menée de 1999 à ce jour n'a pas sécurisé le pays et que cette baisse des prix met à nu l'inefficacité de l'approche économique du pouvoir basée exclusivement sur la rente. La preuve : en 1999, l'économie algérienne dépendait à 98% des recettes pétrolières ; en 2015, elle dépend toujours à 98% des recettes pétrolières. La première inquiétude porte sur la nourriture. Les produits alimentaires qui arrivent dans nos assiettes sont pour la plupart importés, avec une tendance à la hausse. A titre d’illustration : sur les dix premiers mois de l'année 2014, d’après les statistiques douanières, la facture des importations de blé (tendre et dur) s'est établie à 2,03 milliards de dollars contre 1,85 milliard de dollars sur la même période 2013, grimpant ainsi de 9,72%. En quantité, la hausse a été de 17,62% (6,27 millions de tonnes contre 5,33 millions de tonnes). Cette situation est due à la faiblesse de la production nationale qui a reculé en 2013-2014, selon les chiffres officiels, de 30% par rapport à la saison précédente (34 millions de quintaux contre 49,1 millions de quintaux). La céréaliculture est dépendante du climat ; sans pluie, pas de blé, et la pluviométrie, nous dit-on, n’a pas été généreuse. Le sera-t-elle en 2015 ? En tout cas, la production céréalière ne cesse de chuter depuis cinq ans et les besoins d’augmenter, et rien n’est fait pour rationaliser la demande. Pendant que la «sécurité alimentaire» sert à remplir le discours, sur le terrain, c’est la spéculation immobilière menée par les initiés qui ronge le foncier agricole. Sans terres agricoles, comment produire notre nourriture ?
K. M.
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