L’éditorialiste du journal canadien La Presse : «Les islamistes sont les bourreaux des musulmans»
«Les islamistes ne défendent pas les musulmans. Ils en sont les bourreaux», écrit Paul Journet dans le journal canadien La Presse. Le journaliste rappelle ainsi une réalité que les médias occidentaux feignent d’ignorer, à savoir que les musulmans sont les premières, voire les seules victimes des terroristes se revendiquant de l’islamisme. L’auteur met en exergue l’effroyable carnage perpétré par les talibans dans une école au Pakistan ayant fait 141 victimes, toutes des enfants. Il est vrai que, par son ampleur et le choix de la cible, cette attaque terroriste a fait la Une de tous les journaux dans le monde. Or, les groupes terroristes tuent chaque jour dans toutes les régions du monde musulman, allant de l’Afghanistan aux pays du Sahel, en passant par la Somalie, l’Egypte et la Libye. Partout dans ces pays, les islamistes sèment la guerre civile et tentent d’imposer leur ordre par la terreur. Les mêmes méthodes utilisées en Algérie, dans les années 1990, à l’époque où les Occidentaux tentaient de jeter le trouble sur la responsabilité des crimes commis au nom de l’islam. Résultat de la contre-offensive militaire lancée au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, ce repli du terrorisme international sur le monde musulman devait rassurer les puissances occidentales, mais la crainte d’une contagion qui risque de se répandre au sein de certaines catégories des sociétés occidentales, fait réagir les gouvernements pour parer à d’éventuelles razzias. Si, à un moment, Al-Qaïda d’Oussama Ben Laden avait fait de sa guerre contre l’Occident «croisé» sa raison d’être, en se posant comme le porte-étendard de l’islam dans le monde, ses successeurs regroupés dans l’Etat Islamique en Irak et en Syrie (Daech) ont tendance à se focaliser sur les conquêtes locales. Une nouvelle tactique qui semble bien leur profiter, puisque cela leur permet de gagner du terrain et d’instaurer des émirats dans les régions conquises, avec une police, une administration et même, parfois, une monnaie d’échange. Ils ont déjà réussi à le faire en Irak, en Syrie, au Mali, au Nigeria et en Libye. Les scènes d’exécution massive, toujours plus horribles, que cette organisation terroriste diffuse chaque jour sont destinées à semer la terreur au sein des populations locales qui seraient tentées de résister à son diktat, plutôt qu’à faire plier les Occidentaux. A la différence d’Al-Qaïda, Daech ne revendique pas une idéologie antioccidentale proprement dite et n’ambitionne pas d’islamiser la planète. Si les groupes qui y sont affiliés continuent, en certains endroits, à enlever des ressortissants occidentaux, c’est souvent pour réclamer, soit des rançons, soit la libération d’un nombre de détenus islamistes.
R. Mahmoudi