Les chiffres de l’immigration en France : moins d’Algériens, plus de Marocains et de Tunisiens
Selon une étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques français (INSE), retraçant l’évolution des mouvements migratoires vers la France, 7% des immigrés signalés en 2012 sont partis d’Algérie. Un taux qui est considéré parmi les plus élevés, comparé aux autres pays du Sud. Une position somme toute normale, du fait que les Algériens représentent la plus grande communauté étrangère en terre française. Mais ce qui est nouveau, c’est que, pour la première fois, la tendance est à la baisse (-2,6% par an entre 2009 et 2012), pour des raisons que le rapport n’explique pas, mais qu’on peut facilement deviner : durcissement des conditions de délivrance de visas pour la France (contrairement aux assurances répétées des officiels français sur cette question), hausse du chômage et montée de la xénophobie dans ce pays. Ce qui n’est pas le cas, en revanche, pour les Marocains qui représentent également 7% des immigrés arrivés en France au cours de la même année, mais qui, eux, sont en progression sur la même période (+2,4% par an). Il en va de même pour les Tunisiens, le mouvement migratoire vers la France a connu une hausse de 2,9% entre 2009 et 2012. Un phénomène qui s’explique par les conséquences de la violence née des événements de 2011. Cela dit, le rapprochement familial, pour ce qui concerne le cas des Algériens, demeure un des facteurs importants : 72 % des femmes se déclarent en couple au moment de leur arrivée. Cependant, la majeure partie de ces citoyens algériens ne sont pas immédiatement intégrés sur le marché de l'emploi français, relève l’étude. Seuls 26% des hommes et 7% des femmes arrivées en 2012 se déclarent en emploi au début de l'année suivante (contre 80 % et 44 %, respectivement, pour les hommes et les femmes arrivées de Pologne, par exemple). Incomparable avec la situation des personnes nées en Roumanie (autre pays issu de l’ex-bloc de l’Est) arrivées en 2012, dont une sur deux déclare posséder un emploi au début de l'année suivante. Entre 2004 et 2012, la part des diplômés algériens a largement progressé, passant de 38% à 50%, mais demeure l'une des plus faibles parmi les dix-sept pays analysés par l’étude et, surtout, comparée aux Tunisiens qui sont les mieux formés parmi les ressortissants du Maghreb arrivés dans l'Hexagone en 2012 (36% des nouveaux arrivants ont un diplôme universitaire). S’agissant des Marocains, l’étude considère qu’ils sont de plus en plus nombreux à se rendre en France pour poursuivre leurs études supérieures (+ 5 points entre 2009 et 2012).
R. Mahmoudi