Crashs, accidents au sol, pannes : multiplication inquiétante des incidents à Air Algérie
Les Algériens sont de plus en plus frappés et révulsés par ce qui se passe à Air Algérie. La compagnie nationale, qui bénéficie depuis de longues années d’un large monopole, bat de l’aile. Sa perte en altitude se traduit par des dysfonctionnements de plus en plus apparents et des défaillances inquiétantes à la fois dans l’organisation, dans la maintenance et dans la gestion de divers autres dossiers (affrètement, construction du nouveau siège et autres prestations). Le dernier fait en date : la pagaille qui s’est installée jeudi soir sur les vols intérieurs. Une pagaille qui est, a priori, due à une annulation surprise et inexpliquée de plusieurs vols vers le Sud et la déprogrammation de bien d’autres, au grand dam de milliers de voyageurs. Cette déprogrammation ou annulation de vols brusque serait due à l’indisponibilité de certains avions qui reflète ainsi un manque d’anticipation flagrant de la part des responsables en charge de ce volet qui représente le cœur palpitant de l’entreprise. En effet, on a appris qu’en plus de l’avion retenu à Bruxelles dans le cadre d’un litige commercial, deux autres appareils ont été cloués au sol ce week-end, l’un à Dakar et l’autre à Alger pour avoir percuté des escabeaux. Ces deux incidents interviennent au moment où certains avions sont en pleine révision périodique. Cela prouve en filigrane qu’Air Algérie n’a pas les moyens de sa politique et ne peut plus continuer à desservir, seule, l’ensemble du pays et des dizaines de lignes internationales. C’est une question de capacités humaines et matérielles, mais aussi de compétences et d’organisation. L’image de la compagnie est complètement écornée depuis quelques années à cause de la multiplication d’incidents et de la mauvaise gestion apparente des malheurs et imprévus. Le crash en juillet dernier de l’avion espagnol affrété par Air Algérie au Mali a déclenché une série d’incidents chez la compagnie nationale de transport aérien. Depuis ce crash, on ne compte plus les incidents sur les vols de cette compagnie. Collision entre avions, pannes techniques et retards, Air Algérie s’enlise dans une situation de crise qui ne conjecture rien de bon pour son avenir. Le 28 juillet, un avion d’Air Algérie a connu un incident technique sur le tarmac de l’aéroport de Dakar. En août dernier, par exemple, en roulage pour décoller, un Airbus A330-300 d’Air Algérie était sorti de piste à l’aéroport de Lille-Lesquin, causant la fermeture du trafic aérien pendant deux heures. En septembre à Constantine, un avion a dû retourner à l’aéroport Mohamed-Boudiaf après qu’un incendie s’est déclaré dans un de ses moteurs. Le même mois, deux ATR se sont percutés à l’aéroport international d’Alger. Impuissant face à l’ampleur de la tâche, Mohamed Salah Boultif n’a pas trouvé mieux pour se défendre que d’accuser la presse de servir de relais à ceux qui sont dérangés par sa rude concurrence. Jamais cette compagnie n’a enregistré autant d’incidents que les quatre derniers mois. Face à ces incidents répétés, le ministre des Transports, Amar Ghoul, a annoncé, en septembre dernier, l’ouverture d’une enquête exhaustive et détaillée sur la compagnie Air Algérie. On ne connaît toujours pas les résultats de cette enquête diligentée par l’Inspection générale du ministère des Transports. Air Algérie a pourtant prouvé par le passé ses capacités à faire face à des situations exceptionnelles, comme lors du transfert de plus de 10 000 supporters algériens au Soudan, en novembre 2009. Un transfert qu’elle a pu assurer avec professionnalisme et en toute sécurité. Algeriepatriotique a tenté plusieurs fois d’attirer l’attention des hautes autorités sur les problèmes et les défaillances que connaît cette compagnie. En vain. Il est urgent de remettre ainsi de l’ordre dans cette compagnie qui s’enfonce dans une zone de turbulences dans un contexte de concurrence internationale des plus rudes. Car les Algériens commencent à perdre patience. Trop, c'est trop !
Rafik Meddour