La loi de la jungle
Par Karim Bouali – La flambée des prix sur le marché des produits alimentaires, notamment les fruits et légumes, se poursuit sans rencontrer aucun obstacle. Les pouvoirs publics justifient leur laisser-faire par la toute puissance de la loi de l’offre et de la demande, non écrite et imposée, à croire que nous vivons dans la jungle, alors que les lois dûment promulguées au Journal officiel de la République sont ignorées rendant totalement inutile le cadre réglementaire qui régit les activités commerciales (obligation d’affichage des prix, transactions sur factures, respect de la marge de bénéfices, etc.) Le discours officiel contradictoire des ministres de l’Agriculture et du Commerce, qui se rejettent mutuellement la responsabilité de cette situation pour, en définitive, s’en laver les mains, facilite la rapine des spéculateurs qui règnent en maîtres sur le marché. L’opposition s’occupe de politique dans l’attente de son heure et semble indifférente au désarroi des couches sociales aux revenus faibles et mêmes moyens qui ont de plus en plus de difficultés à joindre les deux bouts faute d’un pouvoir d’achat suffisant, pour faire face au coût de la vie. Personne ne comprend, sur une question qui est une des premières préoccupations des Algériens, l’inaction des partis politiques par ailleurs très critiques sur l’exercice du pouvoir par ses actuels tenants. Les spéculateurs ont, ainsi, la voie libre et peuvent prendre en otage, impunément, toute une population. Reste la société civile, désarticulée, mais qui réagit, timidement pour le moment, par des tentatives de mobilisation des citoyens «consommateurs» à travers les journées sans achat et sans véritable succès encore. Pour faire plier les spéculateurs qui parasitent la chaîne de distribution des produits alimentaires, il faut une action de longue durée, pas d’achats sur plusieurs jours, ce qui est difficile à réaliser. L’initiative lancée pour ce 20 décembre par une association de consommateurs qui invitent les Algériens à boycotter le marché ce jour-là, sera un premier test des capacités de la population à se défendre par elle-même, sur la question des prix et sur d’autres aussi.
K. M.
Comment (7)
Les commentaires sont fermés.