Le gouvernement français répond à Zemmour par les chiffres
Au moment où la polémique créée par le chroniqueur Eric Zemmour avec ses graves propos sur les musulmans et les immigrés enfle, le gouvernement français a publié sur son portail électronique un certain nombre de statistiques officielles qui détruisent de manière magistrale tous les préjugés sur les immigrés et l’émigration colportés depuis des lustres par l’extrême droite française et ses excroissances. Le gouvernement français souligne, d’emblée, dans un document sous le titre générique «10 chiffres qui vont vous surprendre sur l'immigration en France», que chaque année, en moyenne, entre 2004 et 2012, 200 000 immigrés sont entrés en France soit, précise-t-il, moins que la moyenne des pays de l'OCDE qui regroupe 34 pays européens et non européens (Australie, Canada, Corée du Sud, Etats-Unis, Japon, Mexique, Turquie…). Cela représente, en effet, chaque année 0,3% de la population française en moyenne, contre 0,6% pour les pays de l’OCDE, note le gouvernement français qui précise que c'est également la plus faible proportion d'Europe, rapportée à la population française. La même source ajoute une autre statistique des plus importantes, et qui n’est pas connue jusque-là : sur la même période (2004-2012), 60 000 immigrés en moyenne ont quitté le territoire chaque année. L’étude du gouvernement français livre aussi une autre réalité sur le niveau d’instruction des nouveaux immigrants qui arrivent dans l’Hexagone. En effet, selon le document en notre possession, 63% des immigrés entrés en France en 2012 sont au moins titulaires d’un diplôme de niveau baccalauréat ou équivalent et un quart seulement est sans diplôme. Le document précise aussi qu’entre 2004 et 2012, toutes origines confondues, la part des immigrés de niveau baccalauréat a augmenté de 7 points. Parmi les vérités égrenées par l’étude réalisée pour le gouvernement français, 40% des immigrés de plus de 16 ans, non étudiants, entrés en France en 2012, déclaraient avoir un emploi l’année de leur arrivée. Selon la même source, la part des nouveaux immigrés déclarant occuper un emploi a augmenté de 6 points entre 2004 et 2008, pour atteindre 41%. Elle s’est ensuite stabilisée, malgré la hausse des niveaux de diplôme, suite à la crise économique. Contrairement aux idées reçues, la France reste un des pays qui attire le plus d’étudiants dans le monde puisque, selon l'Unesco, ce pays monte sur la 3e marche du podium en termes d’accueil des étudiants étrangers, avec 7% du total des étudiants étrangers en mobilité à travers le monde. 289 274 étudiants, dans l'enseignement supérieur français, sont de nationalité étrangère, soit un sur huit. Le document note, par ailleurs, que près d’un immigré sur deux entré en France en 2012 est né dans un pays européen, contre trois sur dix dans un pays africain. L’immigration d’origine européenne est majoritairement portugaise, britannique, espagnole, italienne ou allemande. Ces cinq pays représentent 57% des entrées d’immigrés nés en Europe et un quart de l’ensemble des entrées en 2012. Sur un autre plan, la France a enregistré 66 265 demandes d’asile en 2013. C'est près de moitié moins que l’Allemagne (126 995), selon le gouvernement français qui reprend une déclaration de son ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, lors de la présentation du projet de loi portant réforme de l'asile à l'Assemblée française. «La France, avait-il souligné, est donc loin de ployer sous le poids des demandes des réfugiés, comme on l’entend trop souvent. Cessons de nous fantasmer en forteresse assiégée ; cela ne correspond tout simplement pas à la réalité». La réforme en question permettra de réduire le délai d'examen des demandes d’asile à 9 mois au lieu du délai actuel de 2 ans. Pour ce qui est de la nationalité française, le document relève qu’en 2013, 95 196 personnes l’ont acquise. C’est plus qu’en 2012 (93 823), mais moins qu’en 2011 (112 447) et qu’en 2010 (140 806). Mais, plus que tout, le gouvernement français assène que «la loi vieillissement ouvrira la naturalisation de plein droit à tous les étrangers âgés de plus de 65 ans, notamment les anciens immigrés, qui ont vécu plus de 25 ans en France et ont un enfant français».
Amine Sadek