Le test de Tunis
Par Kamel Moulfi – La Tunisie est entièrement concentrée sur le choix que feront ses électeurs aujourd’hui pour désigner le président de la République. A l’extérieur, les Algériens sont sans doute les premiers à s’intéresser et à suivre avec la plus grande attention ce scrutin, pour des tas de raisons qui vont de la proximité, plus que géographique, renforcée par une amitié forgée par la solidarité anticoloniale entre les deux pays, à des motifs plus immédiats et concrets, en rapport avec les échanges qui touchent tous les aspects de la vie quotidienne des deux peuples. La façon dont se déroulera le vote et ses résultats constituera un indicateur des plus significatifs pour l’avenir dans la région. Pour l’heure, il y a tout lieu d’être optimiste : le risque que l’islamisme prenne le pouvoir dans ce pays voisin est, sinon totalement écarté, du moins considérablement affaibli. La prudence reste de rigueur, car les ruses de guerre ne manquent pas chez Ennahda et son leader Ghannouchi, rompu à la tactique basée sur le principe de «reculer pour mieux sauter». Il n’est un secret pour personne qu’Ennahda pourrait se contenter d’une victoire de Marzouki qui leur a prouvé qu’il était un allié fidèle et utile. Marzouki lui-même n’a pas caché qu’il sollicitait les voix islamistes pour rester au poste qu’il a occupé grâce au soulèvement des Tunisiens en 2011. Mais il semble bien que le candidat qui a le plus de chances de gagner, ce soit Caïd Essebssi, dont le parti, Nida Tounès, a déjà remporté les législatives. C’est visiblement, faute de mieux, le candidat qui a l’assentiment de nombreux Algériens, pour la simple raison qu’il s’est nettement démarqué des islamistes et montre des dispositions à combattre le terrorisme jusqu’à son éradication. Saura-t-il répondre aux attentes sociales des Tunisiens et faire reculer la misère et le chômage ? Pourra-t-il éviter le piège du retour à l’autoritarisme de Ben Ali et garantir les droits de chacun ? Le réflexe d’une grande partie des Tunisiens a été de rechercher la stabilité et la sécurité installées par Bourguiba, conditions pour une relance de l’économie, et pas seulement le tourisme, et pour faire profiter toute la population des fruits du développement.
K. M.
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