L’agent de la DGED marocaine Ahmed Charaï confirme avoir payé des journalistes français
En voulant démentir le contenu de documents mis en ligne par un hacker marocain qui se présente sous le nom «Chris Coleman», l’agent de la DGED marocaine (renseignement intérieur) Ahmed Charaï s’est davantage enfoncé. Dans un droit de réponse adressé au Nouvel Observateur, suite à la publication d’un article qui évoque son rôle dans le recrutement de mercenaires de la plume au service du Makhzen, ce directeur de la publication de l’Observateur du Maroc confirme en effet ses relations intimes avec les journalistes français dont les noms apparaissent dans les «câbles» diffusés par le hacker marocain. Dans sa tentative de mettre fin à «la fable du réseau d’influence instrumentalisé», Ahmed Charaï n’a fait finalement que confirmer son rôle dans le lobbying tous azimuts marocain contre le Front Polisario et l’Algérie. «En vingt ans, j’ai pu lier des amitiés un peu partout dans le monde. Les quatre journalistes que vous citez me font l’honneur de leur amitié. Ils collaborent avec mes supports depuis plus d’une décennie. Leurs carrières respectives parlent pour eux, leur indépendance ne peut être mise en doute», a-t-il attesté, assumant ainsi ses rapports douteux avec Vincent Hervouët, rédacteur dans la chaîne de télévision française LCI, Dominique Lagarde, journaliste au service monde de l’Express, Mireille Duteil, rédactrice adjointe au service monde du Point et José Garçon, journaliste à Libération. Par naïveté peut-être, Ahmed Charaï reconnaît être membre de plusieurs think tanks américains qui font souvent du lobbying en faveur du régime marocain. «Aux USA, je suis membre du conseil d’administration de plusieurs think tanks», a-t-il écrit dans son droit de réponse publié intégralement par le Nouvel Observateur. Et dans une vaine tentative de minimiser son rôle, il affirme que «les membres du conseil d’administration de ces think tanks n’ont aucun lien avec le travail scientifique ou de recherche» effectué. Cet entrepreneur et éditeur de presse, à la tête d’un empire médiatique, s’attaque au passage à l’Algérie qu’il accuse d’être derrière ces fuites en estimant que ses «positions» gênent «les barbouzes algériens». Tout en déclarant infondées les révélations sur ses «rapports avec les sionistes», Ahmed Charaï assure avoir toujours eu des «amis» israéliens. «Je défends la solution des deux Etats et j’ai des amis dans les deux camps (Israël et Palestine) et j’en suis fier. Plus, je continuerai à entretenir mes rapports avec ces personnalités politiques palestiniennes et israéliennes, qui peuvent faire avancer la paix», atteste-t-il. Ainsi, après l’authentification des emails par des experts, Ahmed Charaï passe machinalement à l’aveu. En attendant d’autres.
Rafik Meddour