Des commerçants refusent d’accepter les billets de 200 DA

Des citoyens ont enregistré avec dépit ces derniers jours que les anciennes coupures de 200 dinars, toujours en cours de validité pourtant, sont refusées par des commerçants dans plusieurs villes du pays, a-t-on constaté dimanche. A Gué de Constantine, dans la wilaya d'Alger, des grossistes en produits alimentaires (importés et produits localement) ont indiqué à l'APS ne «plus accepter dorénavant les billets de 200 dinars». Ils ont expliqué qu'ils refusent d'accepter les anciens billets de 200 dinars, émis en 1983, que la Banque d'Algérie compte les retirer de la circulation le 31 décembre 2014. Un de ces grossistes précise qu'il n'accepte plus que «mes clients effectuent des paiements avec de coupures de 200 dinars, car il ne reste que quelques jours avant qu'ils ne perdent leur cours légal». Cet avis est partagé par de nombreux autres commerçants en gros et demi-gros de Gué de Constantine, une des plaques tournantes d'Alger pour les produits alimentaires importés, où la valeur des transactions effectuées quotidiennement en cash est estimée à plusieurs centaines de millions de dinars. Un seul argument est avancé par ces commerçants pour justifier ce refus d'encaisser les anciens billets de 200 dinars : «Je n'ai pas envie de m'encombrer avec des billets qui n'auront plus cours dans quelques jours et me retrouver dans l'obligation de me diriger vers les agences de la Banque d'Algérie pour les échanger», souligne un de ces commerçants. C'est d'ailleurs ce qu'a confirmé un client venu s'approvisionner en divers produits alimentaires, comme les biscuits et les conserves, qui a expliqué «ne plus régler ses achats avec ces billets (de 200 DA)». Pourtant, un acheteur venu de l'intérieur du pays a sa propre explication de cette situation ubuesque pour nombre de citoyens, pris au dépourvu par ce comportement de commerçants qui refusent d'être payés avec ces coupures de banque. «Les grossistes et certains détaillants ne veulent pas accumuler ces billets car ils n'ont pas de registres de commerce, ce qui rend difficile l'opération d'échange à la Banque d'Algérie», estime t-il. Seuls quelques grossistes de Gué de Constantine acceptent encore des paiements effectués avec ces billets. La situation n'est pas trop différente au marché de fruits et légumes de Reda-Houhou (ex-Clauzel) à Alger-centre où les avis divergent également. «Mes clients peuvent encore payer leurs courses avec des billets de 200 dinars. Nous ne sommes encore que le 28 décembre et je ne vois pas pourquoi je refuserai de vendre mes produits», souligne un marchand de légumes. Ce dernier a rallié plusieurs autres commerçants à sa démarche et ils ont déclaré qu'ils n'ont pas refusé d'accepter ces coupures de banque lorsque leurs clients les utilisent. «Ces billets peuvent encore être échangés pendant 10 ans à la banque et je ne vois pas pourquoi les gens cèdent à la panique», dit-il. Des avis opposés sont par contre exprimés par les autres commerçants qui disent ne plus vouloir «s'encombrer avec ces billets». Dans ces cas, ils conseillent à leurs clients de se diriger vers les nombreuses banques situées au boulevard Amirouche (Alger-Centre) ou dans les environs afin d'échanger leurs billets.
Explications et assurances de la Banque d'Algérie
Interrogé, un employé de l'agence BADR du boulevard Amirouche a souligné qu'il n'a reçu à ce jour «aucune instruction au sujet des billets de 200 dinars» mais il admet, néanmoins, que des clients sont venus pour les échanger. «S'il ne s'agit que d'un billet ou deux, on peut les échanger mais lorsque ce sont de grosses sommes, on oriente les clients vers la Banque d'Algérie, au boulevard Zighout-Youcef», dit-il. Même explication d'un caissier de l'agence de la BNA de la Grande Poste à Alger. Le banquier affirme que ces coupures seront acceptées par (la banque) jusqu'à la date limite du 31 décembre 2014. Face à cet imbroglio qui s'installe sur le circuit commercial algérien, puisque les mêmes comportements ont été recensés par l'APS dans plusieurs grandes villes du pays, notamment à Blida, Oran, Constantine (…), la note de la Banque d'Algérie est claire : il s'agit seulement des billets de 200 DA émis en 1983, mais pas les autres coupures de 200 DA émises après cette date. La Banque d'Algérie (BA) a ainsi rappelé le 12 novembre dernier dans un communiqué que les anciens billets de banque émis durant les années 1980 «seront retirés de la circulation le 31 décembre 2014». Il s'agit respectivement des billets de 200 DA mis en circulation en 1983, de 100 DA en 1981 et 1982, de 20 DA et 10 DA de 1983. Les détenteurs de ces anciens billets pourront effectuer toutes leurs transactions normalement (achats de produits et de services divers…) jusqu'au 31 décembre 2014, comme ils pourront les échanger, sans limitation de montant auprès de toutes les banques à la même échéance, ajoute la Banque d'Algérie. La Banque d'Algérie indique enfin que le public aura la faculté d'échanger, sans formalité particulière, les billets retirés pendant une période de dix (10) ans à compter du 1er janvier 2015, soit jusqu'au 31 décembre 2024, mais seulement auprès des guichets de la Banque d'Algérie à travers son réseau d'agences ouvertes dans toutes les wilayas du pays.
R. E.
 

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